vendredi 28 novembre 2014

Vendredi soir chez les Becker

c'est drole... Becker est le nom de ma grand tante... un peu salope, mais tres convenue.. je dois dire que je n'ai pas été décu...
un couple de bobo bien friques.. il faut du pognon pour habiter boulevard raspail, qui s'emmerde et décide de s'encanailler.
mais on nait libertin on ne le devient pas.. sauf les femmes, mais c'est une autre histoire..
Il veut du piment.. il va s'en prendre une belle dose au fonds du cul...
la fin est savoureuse, mais tout aussi convenue que ma grand tante... finalement je comprends pourquoi le gars se faisait chier.. j'aurais juste imaginé une fin un poil plus réaliste.. et psychologiquement plus saignante..mais ca.. c'est ma vision un peu trop réaliste de l'humain..A lire avec deux mains...sans avoir peur de la  conscience moralisante.. tres bonne écriture ceci dit...perso, j'ai adoré...

samedi 22 novembre 2014

l'inventaire de mes rêves

Gustave Adolphe Mossa - Elle 1906



Un professeur fatigué avec une plume en or,
Un homme vide avec une bouteille humiliée,
Une femme légère avec une jupe rieuse,
Un soleil odorant sous un arbre brûlant,
Un médecin de bois avec une lanterne pressée,
Une louve rieuse avec une lune blessée,
Un légionnaire assoupi avec une chinoise ivre,
Un danseur de tête avec un chasseur de cordes,
Une loutre zélée avec un percepteur effrayé,
Une épouse fidèle avec une chienne triste,
Un moulin à poulet avec un café rôti.


dimanche 16 novembre 2014


Encore un regard avant de partir.

Par Francisco Varga



Églantine, est j'en suis sûr, la plus jolie femme qu'il m'ait été donné de croiser de toute mon existence. C'est une magnifique fée brune aux longs cheveux soyeux qui descendent avec grâce sur ses reins. Ses yeux en amande se plissent de façon mutine quand elle sourit, laissant paraitre deux fines rides d'expression au bord ses paupières, et rendent son regard hypnotique. Les traits de son visage sont si doux que je ne sais me rassasier de la contempler. J'ai besoin d'effleurer ses lèvres, l'arête de son nez, le contour de ses oreilles, l'arrondi de ses pommettes. Je ne m'en lasse pas et j'aime la voir paisiblement s'assoupir puis s'endormir sous la caresse imaginaire du bout de mes doigts. Ses paupières closes, sa respiration ralentit, son expression se détend, je sais qu'à ce moment, elle a cessé de feindre pour entrer en sommeil. Juste éclairée par une petite veilleuse bleue qui, me dit-elle, la rassure, je la contemple en silence. Submergé d'amour, je sens mon cœur battre plus vite et je sais qu'à cet instant peu d'hommes sur terre sont plus heureux que moi. Elle m’a choisi pour partager chacune de ses nuits.
Frileuse, elle dort souvent simplement vêtue d'une de mes vestes de pyjama et de ses chaussettes en laine blanche. Elle aime garder ses jambes libres et nues.
Agitée, elle bouge beaucoup au plus profond de son sommeil. Elle se tourne, se retourne fébrilement, et parfois se recroqueville comme si elle cherchait à retrouver l'antre douillet d'avant sa naissance. Au cœur de la nuit, je l'entends prononcer des mots que je ne comprends pas. Elle rêve et se bat contre des démons qu'elle est la seule à voir derrière ses paupières closes.
Elle sursaute, ses jambes se tendent. Elle est engagée dans une bataille contre les ombres qui l'entourent. Sorti de sa gorge, issu du creux de son ventre, un cri rauque s'achève en gémissement.
Bras en croix, allongée sur le dos, quelques boutons de sa veste se sont détachés, dévoilant un de ses seins, rond comme un petit melon savoureux. Je le devine à peine. À la voir si belle et désirable, je suis ému. J'imagine le trouble d'un Vermeer, qui de l'inlassable caresse de son pinceau laissait frémissante la peau de cette jeune fille inconnue, qu'une simple perle fichée dans le lobe de son oreille à rendue immortelle.
J'aimerais poser mes lèvres sur ses larges et claires aréoles, appétissantes comme une fragile friandise. Je retiens mon geste. Je ne veux pas l'éveiller. Je goute cet instant d'éternité ou enfin immobile, ses cheveux défaits s'écoulent comme un torrent de montagne dans la nuit.
Le temps d’un répit dans son combat nocturne, sa poitrine apaisée se soulève lentement au rythme silencieux de son souffle régulier. La texture de sa peau est délicate au point que je pourrais imaginer distinguer chaque battement de son cœur. Des draps hirsutes qui ne la couvrent presque plus, dépasse une de ses cuisses nues.
Ses jambes, ce soir, me semblent immenses. Sous ses mollets nacrés, se dessine la fine attache de ses chevilles que je devine au travers de la laine de ses chaussettes.
Je me souviens que le jour où je l'ai pour la première fois aperçue dans la rue c'est de l'agile nervosité de sa silhouette de danseuse dont je suis tout d'abord tombé amoureux. Elle était court vêtue ce jour-là. J’ai su plus tard que ce n'était pas son habitude. À la différence des dizaines de femmes que j'avais consommées, je l'ai tout de suite adorée, gravant dans ma mémoire l'image de sa démarche surnaturelle. Je ne savais pas que ce jour-là, nous nous rendions au même endroit, et que ce hasard changerait le cours de ma vie. J'ignorais qu'une femme, si jolie fut elle, pouvait toucher mon âme par le seul équilibre parfait de sa silhouette.
On dit que chaque femme est toujours consciente du regard que pose le désir sur elle. Je crois pour ma part que séduire et attirer l’attention des hommes est une condition de la féminité. Nous avons tous deux parfois évoqué l'instant de notre rencontre. Elle m'a inlassablement assuré ne pas s'être rendu compte de quoi que ce soit. Dois-je la croire ?
Je n'ai jamais été le genre d'homme de celles que j'ai su désirer. Les femmes dont j’aurais pu être amoureux ne m’ont jamais remarqué. J'ai pris l'habitude de n'être qu'un simple numéro de téléphone, un anonyme interchangeable pour les innombrables coups d'un soir qui ont constellé mon existence de chasseur à l'affût.
Ma rencontre avec églantine a été d'une telle banalité qu'elle devait probablement se répéter à l'identique, au même moment, des milliers de fois dans le monde.
Un vernissage ;
Beaucoup d'invités, beaucoup de bruit ;
Bises à l'artiste ;
« comment vas-tu ma chérie ? »
Un buffet impossible à approcher ;
Elle est seule, discrètement posée ;
Je me bats pour saisir deux coupes ;
J'hésite ;
Elle est toujours seule ;
Je me lance ;
  • vous n'y arriverez pas si vous restez aussi sage et polie. Ça vous tente ? J'ai un verre de trop.
  • Merci, c'est très aimable de votre part.
  • Oh, j'ai oublié de me présenter, moi c'est Vincent.
  • Enchantée, Vincent, me répond-elle en souriant de sa bouche perlée, moi c'est Églantine.
  • Vous connaissez l’artiste ?
  • Un peu, pas vraiment, j’ai vu des affiches dans le quartier et je me suis dit que ca devait être amusant. C’est mon premier vernissage. Je viens d’arriver sur paris.
  • D’où venez-vous ?
  • De Grenoble et vous ? vous êtes parisien ou débarqué comme moi de votre province ?
  • Je suis parisien depuis toujours, et encore, j’ai du mal à franchir la seine pour me rendre sur la rive droite.
  • Vous pensez que nous pourrons gouter aux petits fours ? ils m’ont l’air délicieux. Mais il faudrait une arme pour s’approcher du buffet. Vous avez ca sur vous ?
  • Peut-être une baguette magique, mais on pourrait tenter de crier au feu….
Notre échange se poursuivit pendant une heure sur un mode tout aussi ordinaire. Il n’y avait plus rien à boire ni à manger et l’exposition se vidait, tandis que le brouhaha mondain s’atténuait peu à peu.
Deux numéros de téléphone échangés ;
Un coup de fil le lendemain ;
un dîner;
puis un verre;
une nuit;
un réveil à deux un samedi matin;
puis un dimanche et finalement deux amants qui ne parviennent plus à passer du temps l'un sans l'autre.
Entre nous, tout s'est déroulé très rapidement. Notre histoire aurait pu débuter comme n'importe qu'elle coucherie ordinaire. Comme la plupart de mes aventures précédentes, la plupart sans suite et souvent sans plaisir. Mais, je savais que ce serait elle.
La toute première fois que je la pénétrai, je ressentis qu'elle m'accueillait dans son corps, dans sa vie et dans son âme. Églantine était le premier être que je connaissais réellement. Au-delà de ma jouissance, j'expérimentais enfin l'orgasme. Non pas le simple réflexe libérateur de la tension de mon désir, ni l'aboutissement épileptique du frottement régulier de nos muqueuses humides, mais une vague de sensations inédites, qui me submergeaient me laissant pantelant. je recherchais le contact avec la moindre parcelle de sa peau. Mes mains se nourrissaient de la douce chaleur de son épiderme. Je ne me rassasiais pas de l'odeur de sa sueur. Je trempais mes doigts en elle pour me délecter du goût de nos sécrétions mélangées au gout de cannelle poivrée. Son sexe brulant et inondé palpitait en se resserrant et m'aspirant comme la bouche avide d’un nouveau-né. Je ne voulais plus seulement lui faire l'amour, mais l'investir totalement. J'éprouvais un bonheur d'une si profonde plénitude que je sentais monter à mes yeux des larmes impossibles à réfréner. À cet instant je ne ressentais pas la moindre gêne, ni le besoin non plus de devoir me contenir. J'éclatais en sanglots sans comprendre ce qu'il se passait au fond de moi. Ses jambes enserraient mes hanches, avec violence ses mains crochetaient mes flancs, son corps s'écartelait pour m'accueillir toujours plus profondément. Sa voix m'encourageait sans retenue aucune, elle expulsait de son ventre des mots qui s'achevaient en cris désarticulés. Relavant la tête, sa bouche cherchait la mienne, sa langue me léchait le visage, le cou, tout ce qui de moi était à sa portée. J'ai longtemps gardé sur le haut d'un de mes bras la trace de sa morsure au sang. Quand je m'endormis, le nez enfoui dans la masse abondante de sa chevelure sombre, je savais que c'était elle, que sans le savoir, mon existence n'avait été qu'une quête et que celle-ci était enfin achevée. À présent, me disais-je, la vie pourrait s'arrêter, j'aurais vécu.
Dans le silence de cette nuit, je contemple le corps d'églantine que me dévoilent par fragments les sursauts de son sommeil agité. À quoi pense-t-elle ? Quels cauchemars l'effrayent au point de déformer son visage désormais presque méconnaissable ? Le combat contre ses démons intimes semble avoir repris. Ses gémissements s'accentuent, hésitants entre plaintes et râles de plaisirs. Je ne parviens pas à discerner sur quel registre elle s'exprime, peut être les deux à la fois. J'aurais payé cher à cet instant pour pouvoir m'immiscer au cœur de ses pensées.
Sa main repose sur son pubis. Églantine me semble plus grande qu'à l'habitude, à moins que notre lit soit plus petit, non, ce n'est pas possible. L'obscurité doit me jouer des tours.
Son majeur s'introduit entre ses deux lèvres sombres, presque violettes. Son sexe avec lequel j'entretiens une discussion quasi quotidienne est de la couleur de celui d'une femme noire. la clarté rosée de son intimité contraste avec la fine découpe de sa vulve qui s'ouvre sur deux pétales plissés comme une rose d'automne.
Je ne veux pas l'interrompre ni la réveiller, tandis que son doigt s’anime avec lenteur. Je l'observe passionnément, ivre de ses senteurs profondes que j'imagine respirer. Pour la sentir, il faudrait que je m'approche au plus près. Cette simple vision que je surprends à son insu m'emplit de tant d'émotion que je ne ressens pas le besoin de contenter d'autres sens que ma vue. J'ai toujours été voyeur et cet abandon inconscient m'ouvrait une fenêtre sur une Églantine dévêtue de tout artifice. Nous aimions comme beaucoup d’amants nous offrir le spectacle mutuel de nos caresses solitaires. Mais sous le regard symétrique et complice de l’autre,cherchant plus à nous exciter mutuellement qu'à atteindre notre propre plaisir.
Les draps rejetés, le corps d'églantine se contorsionne en une pose indécente. Sa main crispée sur son sexe, elle appelle, hurle des sons où je crois distinguer mon prénom. Je m'approche de son oreille et doucement murmure.
  • Shhhhht... Calme-toi ma fée, je suis là, tout près de toi. Je serai toujours la.....
Je sens le sommeil m'engourdir et m'emporter sans que je ne puisse résister. Je ne voulais pas dormir, mais rester éveillé près d'églantine. Peu à peu, inexorablement, le silence de l'obscurité m'envahit. Je m’évanouis dans le néant.
Églantine est en nage. La porte de sa chambre vient de s'ouvrir. Elle se réveille du hurlement qu'elle pousse du fond de sa gorge. Désorientée, elle aperçoit une silhouette que de ses yeux myopes elle a du mal à discerner.
  • Tout va bien, Madame Chopin ? Je faisais mon tour et je vous ai entendue, vous n'arrivez toujours pas à dormir ?
  • Tu es la Vincent ?
  • Mais non Madame Chopin, vous savez bien où vous êtes. Vous avez besoin de parler ? Prenez donc un verre d'eau.
L'infirmière recouvre les jambes d'Églantine, porte un gobelet à sa bouche et rassurante soutient son dos pour l'aider à boire. Ses lèvres sèchent s'humectent lentement. Ses mains tremblent, ses cheveux sont défaits et lui barrent le visage.
  • Vous avez de si beaux cheveux, Madame Chopin, je voudrais tant avoir les mêmes à votre âge, lui dit l’infirmière rassurante en lui caressant la tête.
  • Il était-là, j'en suis sure. Il était là, avec moi. J'ai senti son odeur, j'ai entendu sa voix.
  • Calmez-vous, calmez-vous... C'est normal dans votre état et avec le traumatisme que vous avez subi... C'est normal d'avoir des hallucinations. Vous n'avez pas encore fait le deuil de votre époux. Ce sera long, mais ça viendra... Je demanderai au médecin de vous recevoir demain matin après le petit déjeuner, il faudra peut-être ajuster votre traitement. Vous avez été mariés combien de temps tous les deux ?

  • Quarante-sept ans, cela faisait presque cinquante ans que nous vivions ensemble... nous ne nous sommes jamais quittés plus de deux jours. Mais il était la, près de moi. J’en suis sure…   

mercredi 5 novembre 2014

Ma journée a l hopital

Du fait de mon âge, qui me range à présent dans la catégorie des hommes murs, je suis désormais contraint de faire réviser périodiquement quelques options indispensables à mon bon fonctionnement....
je me rends Donc à l’hôpital sur injonction de mon toubib pour une joyeuse journée de tête à tête avec l'administration de l'assistance publique des hôpitaux de paris...
- C'est pour quoi ?
J'ai rendez pour un scanner, un IRM, un Doppler et une scintigraphie.
la fille de l’accueil me regarde comme si je lui avais demandé de me montrer ses seins, forts attirants au demeurant, mais la n'est pas la question.
- attendez dans la salle d'attente.
moi les hôpitaux je connais....On n'y est pas un client ou même un usager, mais un patient... alors, un patient, ça patiente...j'avais tout prévu...
Un ordinateur. ma liseuse avec environ 1500 bouquins à lire dont l'intégrale de Victor-Hugo et la traduction en flamand de la retranscription du procès de Nuremberg, et bien sur mon smart phone...
tout cela chargé à bloc. et révisé comme pour affronter une expédition polaire.
Je choisis de m'attaquer a "la femme de papier" de Françoise REY.. pour ceux qui l'ignorent, c'est délicieusement cochon et moi j'adore.. mais ça vous le savez déjà.
Une heure après, en pleine séance de sodomie surprise (littéraire bien sur) - une infirmière ou une aide soignante, bref une jolie dame en blanc noire de peau... me demande..
- c'est pour quoi vous, qu'est ce que vous attendez ?
Je lui répète ma liste.. et me replonge dans ma lecture rafraîchissante des que celle ci a tourné les talons..
une heure plus tard....
une deuxième dame en blanc.. toute pale, m'informe qu'il me faut passer au 3 ° étage pour m'inscrire..
A quoi ? je n'ose pas poser la question de peur d’atterrir dans un bureau où je risquerai d'être séquestré par un des nombreux fournisseurs que j'ai vu défiler ce matin...
tout le monde est en pause café, mais la machine à café est en panne.
Bref, je savais à quoi m'attendre et le xanax me permet de rester assez zen...
3 H 30 après l'heure de mon rendez vous une infirmière vient me chercher et me conduit dans une cabine, me demandant de me déshabiller.
- euh ... je me déshabille comment ?
- ben vous vous déshabillez quoi ... c'est pas compliqué à comprendre.
me fait elle d'un doux accent picard qui me donne l'impression qu'elle veut me mettre une tarte au passage.
comme je suis assez lâche, plutôt craintif de nature et que la dame est solidement charpentée, je m'exécute.
10 minutes plus tard, alors que je patiente dans la cabine, j'entends toquer à la porte....
— mais que faites vous M. Varga, on vous attend depuis 10 minutes...
La je suis sidéré par la mauvaise foi du personnel. et outré, je sors de mon refuge.. et la ... stupeur.
— mais enfin, ça va pas du tout monsieur, on ne vous a jamais demandé de vous déshabiller complètement.
— comment ça, j'ai posé la question, et c'est ce que j'ai compris...
— mais remettez un slip enfin...
et oui... j'étais tout nu... et complètement frigorifié sur le lino amianté de l’hôpital, devant un bonhomme hilare et une dame scandalisée par ma bêtise... je précise que je n'étais pas en érection.... mais bon.....
L’infirmière me tend une blouse médicale. Vous savez, celles dans lesquelles on se sent très con et qui vous laissent le cul à l’air comme les astronautes cobayes du programme Gemini dans l’étoffe des héros….Pas plus que les mexicains, les picards ne sont perméables à l’humour… ceux qui ont vu le film comprendront… les autres demandez à vos grands-parents.
Je me sentais moins gené quand j’étais totalement à poil. Je n’avais pas la même sensation de liberté que face au coucher de soleil sur l’île du Levant certes, mais la nudité ne m’a jamais vraiment posé de souci.
Du coin de l’oeil, j’observe l’interne qui ne peut plus faire semblant de ne pas se marrer. J’ai l’impression qu’il passera un sale quart d’heure s’il se fait choper par l’infirmière.
C’est toujours comme ça à l’hôpital. On s’attend à tomber sur une salle de garde en délire comme dans un dessin de Dubou, mais dans la réalité on est bien souvent plus proche de l’ambiance de l’antichambre du parloir de la santé.
Tout le monde à des histoires salaces à raconter sur ses hospitalisations. Tout le monde, sauf évidemment, moi.
Je ne vais pas vous la faire Caliméro…. Ça fait longtemps que ca ne fonctionne plus et que j’ai banni ce numéro de ma panoplie de séducteur. Mon sens du ridicule a quelques limites… pas beaucoup, mais quand même.
La grande dame, elle doit me dépasser d’une demi tête, ne dissimule plus du tout les sentiments que je lui inspire. Elle me jette un regard aussi dénué d’humanité que celui que pourrait recevoir la croupe d’une Bimbo qui s’aviserait de traverser le quartier du Mariais en début de soirée au mois de juin. Bref… vous avez compris… ce n’est pas avec elle que j’aurais l’opportunité de connaître les plaisirs simplement consacrés par la morale familiale pour tous…
Les fesses au frais, je m’installe sur le matelas en plastique revêtu d’un drap de papier hygiénique. C’est froid, ca colle, et c’est assez léger pour toujours s’immiscer dans les recoins les plus incongrus de votre anatomie.
Vous mettez votre casque s’il vous plaît…..
Je mets mon casque ? Oui ?
On peut pas commencer si vous mettez pas votre casque…
Ah mon casque ? Mais c’est quoi ?
Ben devant vous… le casque quoi… vous le mettez sur les oreilles….
Ah les écouteurs ? Je me demandais justement à quoi ca servait.
Ben c’est un casque … vous le mettez sur les oreilles….
Je précise qu’à cet instant, je me sens minuscule sous une machine qui pourrait être assez grande pour faire de moi une chipolatta industrielle et qui doit bien coûter son million d’euro…J’espère qu’on ne trouvera rien du tout… mais au prix de l’examen, je me surprends à en être presque désolé par avance.
Obéissant et très impressionné par la scène, je m’exécute et chausse le fameux accessoire sans comprendre pourquoi, ce qui ne manque pas de m’ajouter une petite dose de stress supplémentaire…. Je sens une goutte de sueur se former à la base de mon périnée et me vient une furieuse envie de me gratter la zone pulvo-coxcyngienne.
Une voix envahit ma conscience, et tel dieu m’ordonne de rester tranquille. Dieu est une femme…. Je m’en doutais un peu…. Mais j’en suis à présent certain…..
Bon, Monsieur, à cause de vous on est bien en retard. L’examen dure vingt cinq minutes et vous ne devez surtout pas bouger… vous comprenez ? Vous ne devez pas bouger… alors, j’espère que vous avez fini de vous gratter, que vous avez bien fait pipi et qu’on peut commencer… vous pouvez parler, mais après vous vous taisez, il faut pas que vous bougez…. Vous voulez quoi comme musique dans les oreilles ? La machine fait du bruit et ca va vous aider à passer un peu le temps.
j’ai le choix ? Super… entre quoi et quoi ?
vous voulez du classique ou du moderne ? Sinon, on a la radio de l’hopital, mais je sais pas ce qu’ils mettent dessus…
je crois que je vais prendre le classique….
Je m’attends au pire… quand je raconte en soirée que je suis fan de musique sérielle atonale et arythmique…. C’est juste pour la frime… en fait, je n’y comprends rien… j’ai juste écouté une émission l’an dernier sur France Culture et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai retenu le discours… en vrai, je ne supporte pas… je n’ai pas les oreilles assez intelligentes pour la musique parisienne.
Le matelas mobile se met en route. Je suis lentement avalé par le monstrueux appareillage dont les parties mobiles, telles les ailes d’une gigantesque mouche se positionnent autour de moi et se transforment en observateur menaçant.
Dans mes oreille, résonnent les premières notes d’un pièce de relaxation…. Celle la même que j’ai écouté la veille avec mon amie….
C’est donc cela qu’elle appelle du classique…. Que peut donc être au juste pour elle le moderne ? Je quitterai probablement ce monde sans jamais avoir eu de réponse à cette question qui sur le moment me semble fondamentale.
La musique, d’une infinie douceur évoque la clarté du chant d’une cascade en été…. Je dis ca parce que je l’ai lu sur la pochette du CD la veille. Je me sens un peu moins stressé, je commence à me relaxer… je prends conscience de ma respiration….et je détends chaque muscle de mon visage, de mes épaules, de mes bras, de mon torse, de mon dos…. ceux qui ont pratiqué la sophrologie reconnaîtront la séquence…. On n’a rien inventé de neuf dans le domaine depuis trois mille ans…
Normalement, je devrais vider mon esprit… ne penser à rien…me laisser envahir par la sérénité… mais je ne sais pas faire…
J’ai la chance de partager ma vie avec une dame délurée et plutôt allumée sur les bords qui pour parfaire mon bonheur est du genre jolie et sensuelle quand elle est en forme. Hier soir, nous nous retrouvions après une séparation de trois semaines. Nous étions restés bien bouillants au téléphone, à l’ancienne, comme on faisait avant internet. Je me sentais prêt à la saisir par les cheveux et la saillir avec toute la délicatesse d’un adolescent n’ayant pas eu de relation sexuelle depuis le début de son service militaire. La dame ne l’entendait pas de cette oreille et refréna rapidement mes ardeurs en m’imposant une temporisation digne du déshabillage d’une courtisane à la grande époque des lacets et des boutons……
Le programme était un peu différent de celui que je proposais. Pour ma part, il aurait été bouclé en sept minutes montre en main… ou plutôt smart-phone en main, ça fait longtemps que je ne porte plus rien à l’annulaire ou au poignet. Apprêtée d’une ravissante jupe courte qui lui couvrait à peine de jolies jambes revêtues avec goût d’une paire de bas suspendus aux jarretelles des grandes occasions. Comme disait Ferré c’est extra….ce texte est dorénavant interdit aux moins de 45 ans….
Elle m’attendait tout sourire au bout du quai, jolie silhouette noyée dans la douce lumière des néons de la gare Montparnasse…Il lui suffit d’un baiser à mon adresse pour éparpiller la nuée des prédateurs plus ou moins jeunes qui tournaient autour d’elle, attirés par les pointes tendues de sa poitrine que l’on devinait nue et nerveuse sous son corsage blanc.
Elle me tend la main et m’attire dans le métro direction son appartement dans le treizième arrondissement, pour une première session de massages, relaxation, musique tibétaine, lumière tamisée… et tisane au miel et au gingembre… je suis un homme, mais quand on connaît les bons arguments, je sais ne pas toujours être un bourrin.
Les femmes qui n’ont pas la chance d’être originaires de l’orient sont hélas rarement des masseuses tout juste acceptables. Je n’ai pour ma part jamais eu l’honneur de bénéficier de ce genre de prestation sans devoir alléger mon compte en banque de quelques dizaines d’euros. C’est professionnel, souvent parfait, mais il manque la plupart du temps la petite étincelle de l’improvisation du jeu de “ tu vas voir ce que tu vas voir - c’est pas pour rien, qu’on m’appelle la schtroumphette de chez Pfizer”.
J’ai eu droit au grand jeu….de celui dont je me souviendrai ému en fumant ma pipe électronique au coin de mon i-feu de bois connecté quand je serai vieux dans ma retraite au Portugal.
Nous avons tous notre petite madeleine.. La mienne, c’est la musique… il me suffit d’écouter une chanson pour instantanément revivre les sensation érectiles des années de ma première jeunesse quand nous nous enlacions maladroitement, en sueur le samedi soir, tout heureux de pouvoir approcher le bout du pouce de l’illusion d’un téton protégé par la solide couture du soutien gorge….
Cette fois, enfermé dans la mécanique coûteuse d’une machine a diagnostic de l’assistance publique des hôpitaux de paris, je revivais avec émoi la soirée de la veille. Je n’avais pas beaucoup dormi depuis, mais le souvenir en moi était encore très chaud.
M. Varga !!! on vous a demandé de ne pas bouger !!!
Mais que me veut elle ? Je ne bouge pas…. Je m’apprêtais à répondre et me défendre contre cette odieuse accusation.
ne répondez pas, je vous demande juste d’arrêter de bouger.
Franchement, je ne comprenais pas de quoi elle voulait parler…. Depuis plus d’un quart d’heure, je gardais une immobilité de statue. J’ai suffisamment claqué de fric dans des stages de méditation pour au moins avoir appris à ne pas bouger quand on me le demande. Depuis un an j’arrive même à ne pas me gratter les fesses des qu’on me l’interdit et vous savez à quel point ce type démangeaison peut être irrésistible des lors qu’on chatouille le domaine de l’interdit.
mais enfin, calmez vous monsieur…
Elle m’énerve celle la…. Mais qu’est ce qu’elle me veut… ça va bientôt faire une demi heure que je suis immobile, j’ai envie de pisser, j’ai faim, ce truc en papier me rentre dans les fesses, j’ai des gaz… si je pète, c’est sur, j’aurai droit à la sécurité de l’hôpital.
La musique s’interrompt et c’est la voix du toubib que j’entends dans les écouteurs. Tiens, il parle celui la.
Vous m’entendez M. Varga ? Vous pouvez parler si vous voulez.
Oui, docteur, je vous entends…je peux bouger ?
Le cycle va bientôt s’achever, attendez quelques instants, je vous ferai signe quand le plateau sera désengagé de la machine.
Quelques minutes plus tard, je suis enfin autorisé à sortir de mon immobilité. Je me gratte le nez et les fesses de soulagement… que c’est bon….
Vous pouvez vous rhabiller… je vous retrouve dans cinq minutes.
Enfin seul dans la cabine je dépose ma blouse enfile mon slip…. Ma petite madeleine a fait son effet. Je tiens une érection comme un matin de printemps. Il m’est quelques fois arrivé de ne pas pouvoir compter sur toutes mes fonctions anatomiques et c’était la plupart du temps quand j’en avais le plus besoin. Je suis à présent rigide comme une note d’instruction de l’éducation nationale, ca me ferait presque mal et j’ai eu la mauvaise idée ce matin d’enfiler un pantalon de toile très léger.
L’interne me reçoit le sourire aux lèvres dans le bureau de consultation.
Vous êtes seul ? Je voulais parler de l’infirmière.
J’avais compris oui… elle a du s’absenter… c’est une jeune fille émotive…
Emotive ?
Tenez regardez. Je vais la garder pour ma collection personnelle.
Il me montre le moniteur de contrôle ou s’affiche quelques clichés en coupe, qui me rappellent vaguement les séances d’échographie où je faisais mon possible pour décrypter le brouillard….
regardez ! vous vous reconnaissez ?
je ne me suis encore jamais observé sous cet angle.
J’ai devant les yeux mon pénis en coupe, parfaitement dessiné, vu de l’intérieur, qui semble vouloir s’exprimer et sortir de la scène un peu à la manière de l’alien dans sa première phase de transformation.
C’est pas mal, en général, presque tout le monde perd ses moyens devant la caméra, mais vous, visiblement, ça n’a pas eu l’air de vous affecter plus que cela.
C’est ainsi que six heures après y être entré, j’ai pu rejoindre mon salon et ma chérie à qui j’ai fait présent d’une de mes photographies d’identité intimes. Je ne suis pas certain qu’elle ait mesuré la portée du cadeau que je lui faisais.
Elle a compris que je voulais un enfant d’elle….comment lui dire que….j’ai subi une vasectomie l’an dernier ?