“Sophie se rendit compte qu’elle était en train de faire l’amour avec une femme. Avec une déesse, en réalité, mais Hawila avait toutes les apparences d’une femme de chair et de sang. Elle n’eut pas à s’en plaindre, car son amante se mit à exciter sa vulve avec les lèvres, la langue et les doigts d’une manière extrêmement savante. Elle n’était pas pressée. Elle modelait les minuscules courbes intimes de Sophie comme un sculpteur l’aurait fait avec une statuette, avec précision et amour de la matière travaillée. Le bout de la langue glissait sur les faces internes de ses petites lèvres, rougies et ruisselantes, tournait autour du clitoris, redescendait pour assaillir l’entrée du puits secret, puis recommençait un nouveau cycle.”
Second Opus du royaume de la foret, avec la déesse du sexe, Erika signe une petite merveille de sensualité, de liberté et d’humour. je l’avais déjà noté dans les autres de ses ouvrages, Erika écrit beaucoup et s’amuse en écrivant. elle ne retient jamais sa plume ou son clavier, mais ne cède non plus à l’étalage des figures obligatoires.
les personnages sont vivants, charnels et crédibles, même si l’histoire d’un bout à l’autre est une porte ouverte sur un univers fantasmatique d’une richesse et d’une telle inconvenance que chaque page se déguste avec la gourmandise d’un amateur.
la déesse du sexe est une fable qui peut se lire à deux, je vous le recommande. je compte y prendre beaucoup de plaisir….
mais revenons à l’histoire en quelques mots.
Sophie, une jeune prussienne, fille d’un hiérarque aujourd’hui décédé ne se morfond plus dans le royaume des Juvaans, peuple sage aux pratiques éloignées sur tous points de tout héritage judéo- chrétien. Grande prêtresse de Hawila, la déesse du sexe, elle s’associe à elle en lui permettant de faire revenir son père à la vie afin de dépêcher un corps expéditionnaire qui chassera les ennemis héréditaires.
Sophie se révèle dans son identité profonde au contact de sa maitresse. On a pas tous les jours l’occasion d’être initiée au plaisirs suprêmes par la déesse du sexe…. son éducation vole en éclat aussi rapidement qu’un gagnant de l’euro million découvrant les banquettes en cuir et l’attraction des jolies femmes.
Le royaume de la foret n’est pas un livre érotique, mais un ouvrage sur la vie dont l’érotisme est présent à chaque instant, comme dans la réalité de ceux qui acceptent leur part spirituelle et animale.
il y a toujours une part de soi dans ce que l’on écrit. si Erika se reconnait en Sophie, elle ne peut s’empêcher d’évoquer la première des barrières faites aux femmes, leur conditionnement et le regard de leur mère.
j’ai beaucoup aimé les clins d’œil qui parsèment l’ouvrage, Sophie est une femme libre, au milieu de femmes qui le sont un tout petit peu moins qu’elle. l’adultère est mal vécu chez les Juwaans, ce qui lui laisse le champ libre et limite forcément la concurrence des autres femmes. Aucun homme ne se sent autorisé à l’approcher, malgré son insatiable appétit de sexe. c’est toujours elle qui choisit, tous ses partenaires sont au rendez vous… comment pourrait il en être autrement ….
Sophie n’est pas une goulue pour autant, elle ne se limite pas à un seul homme. comment le serait il possible ? mais j’ai du compter en tout 5 ou 6 amants, pas plus… si l’on considère que les soldats prussiens ne sont qu’un personnage (fantasme de la pluralité au service de la femme), il sont encore bien moins nombreux.
Erika Sauw est un auteur de qualité, qui ne se prend pas au sérieux et ne prend personne pour des imbéciles. elle livre un moment de rêve et de plaisir de lecture. un conte pour adultes qui a le mérite de nous conduire avec sensibilité, par la main dans l’univers de sa richissime intimité sensuelle.
Erika sauw en quelques mots: ( extrait de la présentation de l’auteur – éditions Artalys)
Le genre de livres et de nouvelles que j’écris m’oblige à rester secrète, mais à part donner mon vrai nom et mon adresse, il y a pas mal de choses que je puisse dire sur moi. J’ai commencé à écrire quand j’étais au collège, il y a une quinzaine d’années. C’est un aspect important de ma personnalité. Au début, j’écrivais des histoires très sérieuses et je les ai envoyées à de grands éditeurs. Toutes ont été refusées. J’ai forcément eu des moments de découragement, mais je n’ai jamais arrêté d’écrire. Je parle d’histoires sérieuses, mais il y avait toujours au moins une scène de sexe dedans. Je me suis aperçue que j’aimais cela. En 2011, j’ai fini par rédiger un petit roman qui ne contenait que du sexe. C’était carrément de la pornographie. Dès lors, j’avais trouvé le genre qui me convenait, genre plutôt mal exploité à mon avis parce que difficile.
Mais ne vous trompez pas, je m’intéresse à beaucoup d’autres choses qu’au sexe. Mes écrivains préférés restent Gustave Flaubert et Théophile Gautier. Sans eux, je n’écrirais pas comme je le fais. Il y a aussi quelques auteurs de fantasy, dont l’immortel J.R.R. Tolkien. Mes écrits cherchent donc souvent à conjuguer l’érotisme à l’imaginaire. C’est une voie qui n’a pas encore été suffisamment explorée.
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