Sylvia par Marie Béatrice Seillanthttp://www.marie-beatrice-seillant.com/ |
Je ne sais pas pourquoi, mais certains quartiers ont des pouvoirs d’attraction qui défient les lois des probabilités.
Moi, c’est la rue Saint Maur, à paris. Je m’y retrouve toujours. Pour rendre visite à un ami peintre dont les œuvres me donnent envie de nager. Pour l’hôpital Saint-Louis qui fête ses quatre cents ans. Pour ses épiceries, ses fast foods hallal, sympas et pas chers, et cette fois-ci pour le Gibus.
Le gibus est un café fermé. Qui s’ouvre par un sas à clopes et se continue par un long couloir que borde le bar et qui finit sur une vague salle de spectacle ?
Il faut venir tôt si l’on veut pouvoir s’assoir. Tout le monde est debout, un verre à la main, se cherche, se montre, se devine.
La bière n’est pas donnée, mais on est à paris. On paie surtout la valeur locative des mètres carrés du quartier.
Le gibus ne sert pas à manger. Ce n’est pas un problème. Tu peux ramener ce dont tu as besoin pour te sustenter, personne ne te dira rien, au contraire, gardes tes frites de la tentation des prédateurs.
J’étais venu avec Popy, ma chérie pour voir chanter Julia Palombe. J’aime son truc « j’aime mon vagin… et il me le rend bien… » putain, il n’y a que les femmes pour s’autoriser des trucs pareils. J’en parlais hier avec mon pote Cyril, qui tient un bar dans le XIII °. — Tu te vois monter sur scène en tenue de BoraK et chanter… « J’aime ma queue… et elle me le rend bien… »
Le seul mec qui se soit permis ça, était Rocco Siffredi, ça ne l’a pas rendu forcément plus sympathique aux yeux de la ménagère de plus de cinquante ans.
Enfin, c’est le jeu. Les femmes ont su investir un domaine où personne ne les attendait, surtout pas elles. Elles se le sont approprié au point que je me pose la question s’il ne faut pas que je prenne un pseudo de fille pour continuer à écrire mes textes érotiques. Elles ont sur les hommes l’avantage d’avoir accès à une surface érogène utile socialement plus acceptable.
J’avais déjà rencontré Julia, quelques mois plus tôt. Ce devait être courant septembre, à l’occasion d’un apéritif érotique au bar du châtelet.
J’aime bien sa musique. Julia est sensuelle, charnelle, elle sent la femme à plein nez, une vraie amoureuse de Vibescu. Mais, pour ma part, je suis désolé, ses textes sont absolument à chier. C’est convenu, faussement transgressif, ça manque de rythme, de poésie… on ne fait pas de la chanson on disant vagin, clito, poils… il faut du contexte et de la langueur ou de la sauvagerie.. Ce n’est pas le costume et les collants transparents qui sauvent le tout…. Les coutures au niveau de la chatte sont à chier, on dirait qu’elle a ses règles. C’est son droit, mais c’est pas trop glamour… et je veux bien le collier de fleurs qui cache les seins, mais à quoi bon tout dissimuler dans les conditions de l’exercice ? Ça me fait penser à un banquier qui refuserait de parler d’argent.
Moi, ça ne me fait pas bander, même quand elle se tortille lascivement sur la scène.
Julia, je t’adore, mais fais un effort sur tes textes et à vouloir trop ménager le consensus, tu tombes dans le correct.. Tu as le droit d’être pudique, mais dans ce cas, change de genre.
Enfin, vous savez comment ça se passe dans ce genre de soirée, il peut y avoir quelques after, mais plutôt fréquemment des before.
Popy et moi en étions au milieu de notre première bière quand sur la scène à déboulé une longue fille à l’allure de danseuse. Pas une Bimbo, mais plutôt une liane éminemment charnelle. C’était une femme qui habitait chaque centimètre cube de son corps. Elle était droite sur ses hauts talons à lire ses textes étranges qui parlaient de sexe.
La salle était trop bruyante, je n’entendais rien et surtout je ne voyais rien. Je décidais de me rapprocher. J’avais envie de la voir de plus près. J’aimais ses gestes de danseuse. Les mouvements de ses bras qui se prolongeaient dans la tension de ses mains. J’aimais voir ses immenses jambes musclées, rehaussées de talons qui ennorgueuillisaient sa silhouette de reine.
Je ne comprenais toujours rien à ce qu’elle disait, mais je devinais en elle la tradition des danseurs visages. Ses traits étaient extraordinairement mobiles. Elle semblait animée d’une formidable énergie sexuelle qui ressortait de ses yeux.
C’était une longue fille au corps façonné par de longs et pénibles exercices quotidiens qu’elle devait quotidiennement s'imposer.
Elle était investie dans son corps que je sentais pour elle être devenu un ami.
J’étais heureuse d’avoir réussi à m’approcher. La plupart des mecs la mataient sournoisement comme si de rien n’était. Mais cette femme était en train de donner son âme et le moins que je pouvais faire était de m’approcher, de me taire et de la regarder le plus attentivement possible.
C’est ainsi que je me suis assis sur pour mieux contempler le spectacle de ses seins, de ses jambes, de son visage et de son cul.
OK, je sais, ça fait un peu dégueu… mais, je ne suis pas d’accord, si une femme se déshabille devant moi, à fotiori une belle femme, le moins que je puisse lui rendre c’est déjà de le regarder avec toute l’attention requise. On n’était pas non plus sur une plage naturiste, et même la, je ne me gêne pas trop, même si je sais que ça ne se fait pas.
Je n’ai pas bien compris l’enchainement, mais Sylvia s’est très vite retrouvé les seins à l’air. Deux petits triangles, tout comme j’aime. Ma chérie a les mêmes, terminés par des tétons tendus comme des bouts de bakélites qui me surexcitent (reposes-en paix serge).
Elle était debout torse nue, dan la chaleur des lumieres qui ne la mettaient pas spécialement en valeur.
Je la soupconnais d’être à la fois pudique, exhibitionniste et engagée. Elle me faisait l’effet de celui qui tremble au bord du plongeoir de dix metres mais qui ne reculera pas.
Un geste, un autre et la voila toute nue, dans son élément. J’étais à un mètre d’elle.
Elle se tortillait par terre. Je ne l’aurais pas fait. Je ne garantissais pas la propreté du sol, mais elle n’avait pas l’air à ça près. Elle me plaisait de plus en plus cette fille.
Ses fesses étaient toutes rondes et dures, sans enfermer sa vulve qu’elle offrait nonchalamment dans ses instants d’inattention.
Il fallait avoir bien sur pris la pein de s’approcher. La plupart des hommes la regardaient furtivement. Moi, je ne me considérais pas comme un mateur, mais comme un spectateur attentif de tout ce qu’elle voulait bien offir à notre vue.
Une danseuse qui met sa chatte à l’air n’est pas une femme qui s’offre à un amant potentiel. C’est une déesse, lointaine des mortels, engagée dans la geste de son corps.
Je n’en perdais pas une miette, mais je ne bandais pas pour autant. J’avais chaud et j’aurais tant voulu serrer contre moi ma petite poupée malgache.
J’ai déjà vu des stipteaseuses, à Bangkok, Alicante, ou Abidjan. Toutes étaient différentes. La finalité de leur show était toujours le dévoilement de leur chatte.
Sylvia bougeait son corps comme une femelle qui se refuse au coit tout en l’appelant. Elle n’était pas prête à se soumettre, mais à se faire predre par celui qu’elle jugerait digne de ses moiteurs.
Elle était nue, offerte les nymphes écarlates et suintantes.
Pas un homme n’aurait à ce moment osé lui adresser la parole. Elle était devenue une déesse du sexe.
Assise sur sa chaise au milieu de la scène, en pleine lumière, les jambes écartées, légèrement relevées sur les pointes, elle ne dissimulait rien de son intimité.
Elle était à la fois transparente et mystique.
Quand la musique s’est tue, quand elle s’était rhabillée, de sa démarche de danseuse, elle allait de groupe en groupe recevant les félicitations de tous ceux qui l’avaient entre aperçus. Je ne fais partie d’aucun groupe.
J’aurais voulu la remercie de ce moment de grâce. Je craignais qu’elle interprète mon intention comme une balourde tentative de drague. Je m’abstenais.
Bien sur, je n’aurais pas dit non, si cela avait fait plaisir à Popy. Mais ce n’était définitivement pas du sexe. Juste un moment d’intense engagement artistique que j’avais partagé avec cette dame.
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