lundi 16 mars 2015

Les mots tartares


Les mots tartares sont des mots crus, ceux que l’on prononce avec la délectation de la honte. Ils sonnent à notre âme tels des fantasmes ignorés.
C’est d’abord une chanson qui parle aux corps. Un appel à la danse des sens qui sature la raison aux limites de notre humanité. Une langue que l’on invente à deux, du bout des doigts, les yeux grand ouverts dans le noir.
La rue bruissante des rumeurs estivales laisse monter à l’étage les épisodes de vies inconnues que nous ne croiserons jamais. La chaleur repousse les draps, les corps luisent de sueurs. Il faut beaucoup s’aimer pour goûter le reflet des néons graisseux imprimant la peau amie que l’on explore dans la fébrilité neuve des premiers instants.
Les corps s’ouvrent, se déchirent. La douceur étreint la morsure. Parfois, le sang coule. Bonheur de sentir les traces du désir  que capture le sommeil.
L’humidité se lit dans les yeux d’une amante que l’on n’espérait plus. Alors, il y a ces mots qui mordent. L’ivresse obscène s’apaise dans le vertige affolé de cris écartelés. Nous ne sommes pas faits que de sang.
Il faut s’aimer beaucoup  pour ne pas craindre de se perdre quand se dissoudre est imminent.
Ces mots crus à la saveur relevée qui piquent la bouche, ce sont les mots tartares, ceux que nous respirons dans la peau de l’autre sans parfois même les prononcer.

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