mercredi 8 avril 2015

INITIATION

 
chambre-2Je venais de tout juste fêter mes seize ans. Je ne grandirai plus à présent.
Ce matin, dans la salle de bain, je m'étais longuement observée, scrutant chaque détail de mon corps, prenant les poses des filles des magazines, ceux de la mère où le mépris s'affiche derrière un ennui de façade. Je me souvenais aussi des filles des magazines du "grand", celui que je n'arrivais pas à appeler "mon frère". Celles ci étaient souriantes et bronzées, leurs corps nus à la peau parsemée de gouttelettes d'eau s'étalaient au soleil. Elles étaient toujours chaussées de hauts talons, même sur la plage ou au bord d'une piscine. je n'avais jamais croisé encore de filles qui leur ressemblent. Toutes étaient un peu les mêmes, seule différait la couleur de leur peau et de leurs cheveux. Elles avaient l'apparence de poupées aux seins usinés dans un moule identique. Leur sexe était lisse et offert, il ne ressemblait pas au mien qui se dissimulait derrière un petit buisson désordonné dont j'étais très fière, lequel chaque saison s'épaississait un peu plus .
Il était drôle le frère. Il ne parlait pas beaucoup ni souvent; encore moins depuis qu'il avait été convoqué au service militaire. Il revenait presque chaque semaine, sans un bruit, par le bus de dix huit heures. Il vidait son sac dans la machine, sans prendre la peine de trier son linge, prenait au hasard ce qu'il trouvait dans le réfrigérateur, et toujours sans un mot, sans un regard pour moi, montait s'enfermer dans sa chambre qu'il verrouillait de l'intérieur. Il n'en ressortait que pour diner si les parents étaient rentrés. Il ne nous prévenait jamais de ses permissions. Les parents avaient l'habitude de sortir chaque vendredi au cinéma . Ces soirs la, il restait cloîtré dans sa piaule jusqu'au lendemain matin.
Je n'ai jamais su ce qu'il pouvait faire la dedans, enfermé comme ça, sans ne jamais voir personne.
Je sais qu'il écoutait de la musique très fort, dans un casque. La mère lui disait souvent qu'il finirait par se rendre sourd. Parfois, c'était pour la musique d'autres fois c'était à cause de ses mauvaises habitudes. Alors, il haussait les épaules, posait sa tête contre ses grandes mains et soupirait, nous rappelant à quel point il se sentait mal avec nous.
Ses magazines, je les avais vus. Il ne m'avait pas fallu longtemps les chercher; juste soulever le matelas. Il y en avait une dizaine. Certains étaient usés d'avoir été trop feuilletés. Des pages collaient entre elles, d'autres étaient rugueuses et dures comme du carton. Elle étaient belles ces filles. J'aurais voulu leur ressembler. Ma préférée d'entre toutes était une belle chinoise aux jambes immenses. Son sourire lui donnait l'air d'une prédatrices, les dents prêtes à mordre au sang, le regard inquiétant de celles qui sont prêtes à commettre le pire sans jamais connaitre le remord. Nul ne semblait pouvoir rien exiger d'elle.
J'étais comme cela moi aussi. Personne ne décidait pour moi, surtout pas un mec.
Les filles à l'école m'agaçaient avec leurs pleurnicheries et leur romantisme stupide; toutes à attendre la venue du prince charmant sous les traits d'un homme unique. Un grand brun musclé au yeux verts, qui leur susurrerait des mots d'amour tout roses, mais suffisamment respectueux de leur vertu pour ne pas même imaginer les toucher entre la taille et les genoux.
Elles rêvaient toutes du gentil garçon bien propre sur lui mais se branlaient chaque soir après le dernier baiser de papa sur leur front virginal. Quand elles se retrouvaient seules, elles devenaient des chiennes pleurant leur manque d'un mâle qui les emplirait et bousculerait leur queue de cheval.
Je détestais leur hypocrisie, leur bienséance, leurs jupes plissées, leurs jeans bien repassés jamais tachés.
Elles étaient amoureuses de la même bande de gars. Chacune en compétition, recherchant au point de s'en rendre pitoyables les faveurs et l'attention de ces quelques garçons. Les autres mecs étaient transparents à leurs yeux. Au mieux, les considéraient elles comme de tendres et loyaux amis à qui elles confiaient parfois leur mal être de femelles incomprises.
C'était chaque fois la même chose. Bâtie sur un malentendu, l'histoire se finissait toujours sur un esclandre. Les pauvres petites ne s'y laisseraient plus prendre. Tous les mêmes, pas un pour rattraper l'autre.... Ils ne pensent donc qu'à ca ?....
Moi, je les observais de loin. Je ne faisais pas partie de leur bande. J'étais brune et j'avais la peau mate et ça leur avait permis de se sentir autorisées à m'exclure de leur univers. Elles avaient appris - je n'ai jamais su comment - que j'avais été abandonnée à la naissance. Pour elles, il était évident que ma mère, ma génitrice ne pouvait être qu'une pute. Pour elles, je n'étais pas d'ici. Peu leur importait que je n'avais jamais vu autre chose que le Vercors et Belledonne. Peu leur importait mon accent dauphinois dans lequel je baignais depuis ma naissance ou presque.
Je n'étais pas des leurs. Elles me le faisaient bien sentir. Je les détestais et les méprisais encore plus que je ne les détestais.
Les garçons étaient plus simples. Il suffisait de leur adresser un sourire pour les étourdir. Aucun n'y échappait. Si la fille n'était pas trop boutonneuse, tartignolle ou obèse, ça marchait même avec les plus recherchés. Il suffisait de leur faire croire à une ouverture. Les fantasmes, les hormones et l'égo faisaient le reste. Ils n'étaient peut être pas prêts à s'afficher et nous accorder le petit moment de gloire qui nous auraient tant fait plaisir, mais au moins était il agréable de penser qu'aucun d'eux, solitaire ou en couple n'était hors d'atteinte. Les filles voulaient toutes les mêmes mecs, la plupart de celles ci pourraient tous les avoir si elles s'en donnaient la peine, mais ce qu'elles voulaient c'était d'abord imprimer leur marque propriétaire. C'était un peu plus délicat, surtout qu'elles n'offraient pas grand chose en contrepartie.
En fait, c'était bien trop simple, beaucoup trop évident. Ils me faisaient penser à un sac de riz éventré, chaque grain différent, tous interchangeables et surtout innombrables.
La plupart des filles étaient quant à elles inodores, incolores et sans saveur. Elles ne disaient jamais rien. Je ne connaissais pas le son de la voix de certaines. Elles se dissimulaient derrière une apparence de réserve, mais elles n'avaient en fait, rien à dire.
Moi, je ne faisais partie d'aucun groupe, ni d'aucune bande. Tout le monde me tolérait à condition que je reste dans mon rôle de fofolle exotique rigolote . Je crois bien qu'à cette époque, personne ne me détestait vraiment. Personne non plus ne me trouvait suffisamment acceptable ni fréquentable.
Je me caressais fréquemment, le soir, dans mon lit, quand chacun était endormi dans la maison.
La mère n'acceptait pas que garde la porte de ma chambre fermée. Elle passait parfois à l'improviste, rabattait mes draps d'un geste brusque et inquisiteur, me disant parfois quand elle me croyait endormie - " Je sais bien ce que tu fais, petite salope" - puis elle repartait de sa démarche lourde et souvent avinée. Elle voulait s'assurer que j'étais correctement vêtue pour dormir. Elle exigeait que je me couche en chemise de nuit et en pyjama. J'avais chaud en été. Ma fenêtre était verrouillée, je suais et me réveillait parfois les draps trempés comme prise par une fièvre d'automne...
Le seul endroit où j'avais la paix était la salle de bain. Je passais des heures plongée dans l'eau brulante, dévorant les livres interdits que nous nous repassions entre copines.
C'est dans la baignoire que j'ai pour la première fois effleuré mon clitoris. Il était si sensible que je ne pouvais pas le toucher directement. J'apposais mes doigts à la base de mon pubis et leur imprimait un geste qui rapidement me conduisait à un orgasme que je savais à présent déclencher à la demande.
Ce matin, je m'étais deux fois fois procuré ce plaisir sans vraiment réussir à me sentir apaisée.
Allongée dans l'eau, j'avais replié mes genoux sur mes seins, m'explorant de un, deux, puis trois doigts. Je n'avais encore jamais osé, ou plutôt eu l'idée de jusqu'à présent de me pénétrer ainsi. La mère m'avait prévenu. C'était sale, il ne fallait pas toucher. C'était un coup à perdre sa virginité. Personne ne voudrait de moi et de toutes façons, elle me jetterait dehors quand l'administration ne lui verserait plus de sous pour moi.
J'avais enfoncé mes doigts, profondément dans mon ventre sans ne rien ressentir de particulier; ni plaisir, ni douleur. Je me pénétrais sans rencontrer le moindre obstacle.
La mère devait avoir raison, j'avais le diable dans le sang. Je n'avais jamais été vierge. Je n'étais pas comme au catéchisme on m'avait expliqué ce qu'une fille devait être.
J'aimais l'idée de faire en secret ce que l'on m'interdisait. J'avais un peu peur que le médecin ne s'en rende compte, mais à part soulever mon tee-shirt pour apposer son stéthoscope sur mon dos, personne ne m'avait encore vue nue depuis que mon corps ressemblait à celui d'une femme.
Une femme, je ne le serai qu'après avoir connu mon premier homme. Je voulais le choisir, décider du moment et des circonstances. J'avais parlé avec quelques filles qui m'avaient avoué l'avoir déjà fait. Presque toutes le regrettaient. Elles décrivaient une douleur et une sensation de dégout d'elles mêmes que je n'étais pas prête à partager.
L'histoire était toujours identique. Une soirée, un peu trop d'alcool, une main qui se faufile en douce sous la jupe, une culotte hâtivement ôtée, parfois même l'élastique tout juste écarté, et ce corps massif qui s'introduit, va et vient quelques instants, puis une secousse électrique et cette sensation d'humidité poisseuse entre les jambes.
Je ne voulais pas de ça pour moi. Je ne voulais pas d'une interminable négociation qui me ferait céder par lassitude. Je ne voulais pas de leur ridicule prince charmant aussi empoté qu'ennuyeux.
Ma première fois se devait d'être inaugurale. Une initiation sensuelle avec un homme que j'imaginais tel un matador au moment de la mise a mort du "bravo torro".
Je voulais sentir le gout de cette épée qui s'enfonce dans ma chair et me fouille à m'en faire sauter la tête.
L'homme en question, je le connaissais à peine et n'était encore qu'un potentiel. Il ne serai jamais mon petit ami. Je ne le partagerai avec aucune des filles du lycée.
Peu de temps après la rentrée , je l'avais croisé dans le train qui me conduisait au lycée à Grenoble.
#
Je ne l'avais pas remarqué. C'était un homme discret d'une trentaine d'année qui tous les matins lisait le monde de la veille .
Il faisait encore beau durant la journée, suffisamment chaud pour se croire encore un peu en vacances. Le wagon était clair, baigné dans la lumière de septembre. Rares étaient ceux dont les cernes s'affichaient sur leurs visages.
Une période nouvelle s'ouvrait, pleine de promesses. Les examens étaient encore assez lointains pour n'être que de simples dates sur nos agendas. Il fallait tourner beaucoup de pages vierges pour y arriver.
Chaque matin, je partais de chez moi vêtue d'un simple jean. Mon amie, Sylvie, me rejoignait dans le train et me procurait les vêtements que je porterai toute la journée. Je me changeais rapidement dans les toilettes et me maquillait légèrement. Si la mère l'avait su, je crois bien qu'elle m'aurait frappée et cloitrée ou peut être mise à la porte et renvoyée au foyer. J'en étais consciente, il me fallait rester discrète et donner le change à la maison. c'était le prix de ma féminité.
Sylvie était ma seule véritable amie. Par chance, nous mesurions la même taille et avions une pointure de chaussures identique. Elle gardait mes vêtement de jour dans sa penderie et me prêtait souvent ceux de sa sœur, partie à la fac de Lille quelques années plus tôt, dans lesquels elle ne rentrait plus.
Je la sentais excitée de transgresser à travers moi un ordre des choses qu' elle même ne s'autorisait pas à s'affranchir. Je ne l'avais jamais connue qu'en jupe plissé, queue de cheval. Elle était jolie et surement mieux faite que moi, mais n'aimait pas se dévoiler.
Ce matin, nous nous étions comme à l'accoutumée retrouvées sur le quai.
- tu m'as pris quoi ? J'ai pas eu le temps de t'appeler hier, c'était l'enfer à la maison. Ils ont reçu la note de téléphone et ils ne veulent plus qu'on y touche.
- c'est toi ? Tu as appelé qui ?
- même pas... ces abrutis ne se sont pas rendus compte que l'abonnement avait augmenté, les taxes aussi... ils confondent tout... ils sont vraiment très cons... vivement que je me tire de ce taudis.
- tu n'es pas juste avec eux... ils t'ont quand même accueillie chez eux.
- tu parles... ils calculent tout, pour être sur de faire un petit bénéfice sur mon dos. Ça les arrange que je ne mange pas grand chose. Et que la DDASS paie mes affaires scolaires.
- je suis sure que tu exagères.
- je sais Sylvie, je ne suis pas une bonne chrétienne comme toi.
- tu sais ce que j'ai reçu pour mon anniversaire ? Un crucifix que je dois accrocher au dessus de mon lit... super les brocantes...
- j'en ai un moi aussi.
- je sais, mais tu ne peux pas comprendre.
- bon voyons, que m'as tu pris ce matin ?
- tiens, regarde. Fit elle en me tendant un petit sac de sport en cuir.
- tu es une sœur pour moi....lui répondis je en ouvrant la fermeture éclair pour voir la surprise qu'elle m'avait faite.
C'était une petite jupe courte, blanche écrue, avec quelques motifs en dentelles. Une pièce magnifique et qui s'assortirait très bien avec le hale de mes jambes au sortir de l'été. Je gardais mon haut, un tee-shirt blanc John Lennon. Au fonds du sac, soigneusement empaquetés dans du papier soir reposait une jolie paire d'escarpins noirs à talons hauts d'au moins six centimètres.
- c'est génial... c'est tout à fait ce que je voulais mettre aujourd'hui... tu viendras te changer avec moi ?
- la jupe est vraiment courte... il faudra que tu fasses attention en t'asseyant.
- Compte sur moi, je ne montre que ce que j'ai envie de montrer.
- oui, c'est ce que je disais justement, fais attention. Le train, tout de même, c'est pas très sur.
- ce sont tes parents qui te l'on dit ? Il y a des loups la dedans ? Moi, je vois plutôt des agneaux ou des moutons. Viens vite, le train arrive, j'ai envie d'être en tête de rame.
Nous nous engouffrions alors dans le train après une course effrénée, cherchant à rattraper les wagons qui ralentissaient. Nous voulions êtres sures de nous trouver en face l'une de l'autre, disposant de l'espace nécessaire pour étaler nos affaires.
Quelques minutes plus tard, lorsque le train s'était remis en marche, nous nous précipitions en riant dans les toilettes. Je me changeais en vitesse, et passait autant de temps à me maquiller sous les yeux de Sylvie.
- tu es sure que tu n'en mets pas un peu trop ?
- du rouge à lèvre ?
- oui, tu n'as pas peur de faire un peu pute ?
- avec toi, la moindre couleur c'est toujours trop, répondis je en riant. Tu devrais essayer de t'y mettre, regarde, on est encore en été et tu es pale comme si tu n'avais pas vu le soleil depuis trois mois.
- mes parents ne veulent pas que je m'expose, il parait que c'est mauvais pour la peau. Toi c'est différent, c'est ta couleur de peau naturelle, tu es toujours comme un pain d'épice.
Cet été la, j'avais pris l'habitude de bronzer topless. Au début, j'étais gênée, mais fière de sentir l'excitation des garçons qui sur la plage me regardaient du coin de l'œil. Je n'avais plus la moindre trace de bronzage et ôtais mon soutien gorge, laissant pointer mes petits tétons.
- tu exagères Popy, tu vas en cours sans soutif...
- et alors, quand on n'a pas de sein, on fait avec ce qu'on a.
- mais tu as vu tes pointes, on dirait qu'elles vont passer au travers du tissu.
- justement... et j'oblige personne à regarder.
- tu es vraiment folle Popy.
- c'est pour ca que tu m'aimes ma chérie.
Regagnant les places où nous avions laissé nos sacs, un homme s'était assis à l'extrémité de la banquette, coté couloir.
Agé d'un peu plus d'une trentaine d'année, mince, les traits du visage très fins mais viril à la fois, il était plongé dans la lecture du Monde.
Il portait des lunettes à montures fines presque invisibles, qui mettaient en valeur ses yeux bleus, presque gris.
Vêtu d'un léger costume clair, sans cravate, sa chemise s'ouvrait sur un torse que j'imaginais bronzé et surement pas glabre.
Il avait la silhouette élégante et nonchalante de ceux qui, une main dans la poche de leur pantalon se meuvent sans ne jamais voir personne.
Ses chaussures étaient impeccables; une paire de Weston parfaitement cirées et entretenues. Je pouvais de ma place sentir l'odeur du cirage.
Nos papotages et nos rires ne semblaient pas le déranger ni non plus l'intéresser . Il retournait les pages de son journal avec adresse, poursuivant imperturbable la lecture d'un article de la rubrique internationale ou économique. Je ne me souviens plus très bien, mais cela avait l'air très sérieux, tout comme lui.
Il était charmant dans son costume léger de fin d'été.
Je sentais une douce chaleur irradier du creux de mon ventre, tandis que le rose me montait aux joues.
J'avais envie... de fumer une cigarette, boire un verre, m'étirer, chanter, me caresser. j'avais envie de son regard, de ses mains sur moi. J'avais envie de jouer avec son alliance avec ma bouche en suçant son doigt. J'avais envie qu'il me regarde, qu'il remarque à quel point mes seins étaient tendus. J'avais envie de le maltraiter, lui ôter son assurance. J'avais envie qu'il me bouscule, qu'il n'hésite pas, qu'il oublie le monde autour de nous. J'avais envie qu'il entende les battements de mon cœur chaque fois que du coin des cils je le regardais.
Je savais que c'était lui. Je le voulais maintenant. Je n'avais jamais désiré un homme comme cela. J'avais peur et honte de ce qui se passait sur ma peau et dans mon corps.
J'aurais aimé qu'il sache lire mes pensées, ne rien avoir à faire ni à dire. Que tout se passe naturellement comme dans mes fantasmes.
Je n'osais pas le regarder, il allait finir par s'en rendre compte et j'aurais encore une fois l'air stupide. Après tout, c'était un homme, moi je n'étais qu'une gamine. Il était marié. Je l'avais repéré tout de suite. Son épouse était Peut être une grande et jolie blonde, une femme à côté de laquelle je me serais sentie ridicule.
Je ne cessais de rire et raconter n'importe quoi à Sylvie, espérant ainsi lui cacher mon trouble.
Alors que je regardais le paysage défiler au dehors, je surpris le reflet de son regard s'attarder un instant sur mes cuisses. Les battements de mon cœur s'affolaient. J'étais aussi niaise que les héroïnes des romans roses que lisaient la mère. Je ne pensais pas que cela pouvait m'arriver.
Je m'étais peut être fait des idées. Il restait absorbé par sa lecture comme enfermé dans une bulle de silence où je n'existais pas.
je me faisais à ce moment la réflexion qu'un homme qui me plaisait ne pouvait pas me remarquer. Je ferai comme tout le monde, je perdrais ma virginité dans les douches du gymnase ou sur un lit dont on n'aura même pas défait le couvre-lit. Ce serait forcément avec un des rares garçons du lycée qui aura osé aller un peu plus loin que d'habitude, parce qu'il aura un peu trop bu et que moi aussi je serai saoule.
En pensant à tout cela, j'avais laissé ma tète reposer contre la vitre, fixant sans le voir un accroc de la banquette tandis que Sylvie me parlait, insouciante que je lui réponde ou que je l'écoute.
Il avait changé de posture. Ses genoux croisés n'étaient plus tournés vers le couloir, mais vers moi. Il lisait la même page depuis longtemps. Ses yeux semblaient s'égarer. Cette fois, j'en étais sure, il m'observait.
jettant quelques regards furtifs sur mes jambes, il n'était pas suffisamment discret pour que je ne le remarque pas.
C'était la première fois qu'un homme me regardait ainsi. C'était la première fois que je m'en rendais compte.
Si j'avais été une femme, une vraie, je l'aurais fixé dans les yeux pour lui montrer que je n'étais pas dupe de son jeu. J'aurais plissé mes lèvres, feignant l'amusement. Que fallait il faire dans ce cas ? Comment devais je me comporter ? J'avais envie de son regard, je ne voulais pas non plus qu'il me prenne pour une pute ou une fille facile. J'aurais voulu l'encourager sans non plus lui faire voir à quel point je me sentais excitée par la situation. Personne ne m'avait expliqué comment m'y prendre. C'est normalement les hommes qui prennent l'initiative. C'est ce que j'avais lu. C'est comme cela que ça se passait dans les livres que je lisais dans mon bain.
Dans cinq minutes peut être un peu moins, le train arriverait en gare. Il descendrait, je le perdrais de vue et je ne le reverrai probablement jamais plus.
Je fermais les yeux et tentais un croisement de jambes. Ma jupe était remontée haut sur ma cuisse, presque à la limite de ma culotte.
Mon dieu... qu'étais je en train de faire ... ? Je ne cherchais pas à la faire redescendre. J'avais l'excuse du demi sommeil. J'avais vu comme ca plein de filles dans le train qui se croyaient seules et dormaient sans prendre garde à serrer leurs jambes. Parfois on voyait le haut de leurs bas, quelque fois leur culotte. Apres tout, elles dormaient. Personne n'aurait pu croire qu'elles le faisaient exprès.
Secouée par le ballotement des aiguillages et le freinage du train, je sentais les voyageurs se mettre en file dans le couloir central. J'ouvrais les yeux. Il avait replié son journal dans son cartable et regardait mes jambes. Levant les yeux il me sourit. Je n'avais pas remarqué l'intensité du bleu de ses yeux.
- vous avez un très joli bronzage mademoiselle, ça vous va très bien. Vous êtes ravissante.
Je prenais mon sac et le posait sur mes genoux, relevant mes sourcils et pinçant mes lèvres comme si j'avais été prise en train de copier.
- Bonne journée mademoiselle...
- Popy, lui répondis je... pas mademoiselle. Popy s'il vous plait.
- Bonne journée Popy.
Il se leva et s'engagea dans la file qui avançait vers le quai.
Je restais assise, incapable de bouger. Je ne sentais plus mes jambes. Je n'étais plus certaine de pouvoir encore marcher.
Sylvie était peut être ignorante de tout ce qui concernait le désir, enfin, le croyais je. Elle était loin d'être idiote et n'avait pas perdu une miette de mon manège.
- Dis donc miss, il t'a tapé dans l'œil le vieux.
- N'importe quoi... et c'est pas un vieux.
- qu'est ce qu'il te faut ? Il doit avoir au moins trente cinq ans et il est marié. Tu n'as pas vu son alliance ?
- mais arrête, tu me prends pour qui ?
- pour ce que tu es Popy. Tu es folle. Fais gaffe quand même.
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Je passais ma journée sans y penser, en essayant de ne pas trop y penser. L'attention me faisait défaut. Les cours défilaient monotones. Je regardais par la fenêtre les nuages de septembre s'effilocher, remarquant que le bleu du ciel n'était plus aussi intense et le vert des arbres moins rafraichissant.
Je griffonnais des poèmes, gravais des paroles de chanson sur la table tandis que la prof de français semblait s'ennuyer encore plus que moi.
Les garçons me regardaient, certains me complimentaient sur ma tenue. Je n'étais pas la. Je souriais machinalement, attendant la fin des cours pour me retrouver loin d'ici.
Qui était cet homme ? Je voulais qu'il n'ai pas un prénom idiot, pas de Steve ou d'Hector, quelque chose de simple qui claque bien sous ma langue quand je le prononcerai. Je ne l'avais jamais vu. Que faisait il dans la vie ? M'avait il vraiment regardée ? Que pensait il de moi ? Me prenait il pour une salope ? Prenait il toujours le train à la même heure ? Peut être venait il travailler à Grenoble en voiture et n'avait il eu pas le choix ce matin..
Je me répétais ces questions en boucle sans leur apporter la moindre réponse. A la fin de l'après midi, après m'être changée et avoir rangé ma tenue de ville dans mon sac de sport pour renfiler mon jean et mes kickers, je m'étais déjà fait une raison.
J'attendais le train sur le quai. Sylvie me rejoindrait ce soir à la maison. Nous ferions semblant de travailler et je lui rendrai ses vêtements. J'aurais voulu garder ma jupe et gouter le vent tiède entre mes cuisses, sentir dans mon dos le regard des hommes sur mes petites fesses rondes. Je savais qu'à présent je ne ressemblais plus qu'a toutes les adolescentes grises que personne jamais ne voyait.
Je cherchais la première voiture de la rame pour reprendre ma place du matin. Peut être serait il la.
Le voyage était monotone. Une grosse femme derrière moi faisait du bruit en essayant de faire taire son môme qui hurlait sur ses genoux. Les toilettes empestaient l'ammoniaque. Quelques gouttes de pluie frappait les fenêtres du train. Je m'éloignais de mon rêve d'été. Lasse, je n'avais pas même envie de fermer les yeux.
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Je ne croisais pas celui qui n'était déjà presque plus un inconnu durant les dix jours suivant. J'avais fini par l'oublier.
Les jours raccourcissaient rapidement. Le temps s'assombrissait. Je n'avais plus envie de souffrir du froid et des pieds dans des vêtements trop légers et trop courts pour la saison. Les escarpins me faisaient vivre l'enfer. Je ne m'y habituais pas.
Exciter le regard de mes camarades de classe ne m'amusait pas. Ils ne méritaient pas mes efforts. Leur désir acnéique me laissait indifférente.
Sylvie avait pris froid. Elle était toujours très couverte, mais était coutumière des trachéites automnales ou autres gastro entérites, parfois, comme cette année, les deux en même temps. Elle n'avait pas de chance ma copine. S'il y avait un microbe dans l'air il était pour elle.
Sa mère, constamment inquiète pour sa santé ne l'avait pas laissé sortir. J'étais chargée de récupérer ses cours, ses devoirs et les lui rapporter chaque soir sans même la voir, comme si j'avais pu la contaminer par ma bonne santé.
Moi, je n'étais jamais malade. J'avais essayé quelques fois, mais la mère ne se faisait jamais avoir. Elle ne voulait pas me voir trainer dans ses pattes et ne s'apitoyait jamais sur ma toux forcée ou mes vomissements provoqués, deux doigts dans la bouche les matins d'interro de maths.
J'étais seule dans le train qui me conduisait au lycée. J'avais retrouvé ma tenue d'adolescente prête à affronter l'hiver dauphinois. Kickers noires, jean bleu foncé acheté en promotion à la rentrée, anorak sombre, je m'étais résolue à me fondre dans la couleur du ciel et du paysage.
Entre le sommeil et l'ennui, je ne l'avais pas vu s'installer face à moi. Lui aussi ne se ressemblait plus trop. Le costume en lin avait fait place à l'uniforme sombre avec manteau assorti. Il avait perdu la plupart de son bronzage, mais je le trouvais toujours aussi craquant.
-- bonjour popy
-- bonjour ... euh..
-- christian, je ne vous l'avais pas dit ?
-- je ne crois pas, non, je m'en serais souvenue.
-- vous n'avez pas perdu votre bronzage, vous etes toujours aussi ravissante.
Je lui répondais par un sourrire, portant un regard ostensible sur son alliance. Je ne savais quoi répondre, je n'étais pas habituée à ce genre de compliments. Les garcons aux lycées ne faisaient pas comme ca. Ils me tournaient autour pendant des semaines et nous finissions par nous retrouver dans l'arriere salle de la civette ou le samedi apres midi chez une copine à écouter de la musique en bandes. Ca se faisait naturellement, avec parfois l'entremise de l'une ou de l'autre qui se sentait investi d'une charge importante.
-- merci monsieur.
-- non, christian, appelez moi christian et on pourrait se dire tu ... se serait plus simple non ? Qu'en pensez vous popy ?
-- oui, bien sur, comme vous voudrez ?
Il rit, en posant une de ses mains sur les miennes. Je me sentais alors traversée par un flux d'ondes électriques qui se concentraient entre mon plexus et mon ventre. Je me sentais idiote de ne pas pouvoir dire un mot. Je lui répondais par un sourire, je ne savais pas quoi faire d'autre.
-- tu es étudiante popy ?
-- je suis au lycée, je vais à champolion.
-- à Champo ? Comme moi.. On connait peut etre les memes profs; je ne dois pas etre tellement plus vieux que toi.
-- j'ai 17 ans, lui mentis je... je voulais lui dire que j'en avais 19, mais je ne me voyais pas lui expliquer comment je pouvais etre encore en première à cet age. Un an, ce n'était rien et 17, ca faisait moins gamine que seize.
-- tu fais plus mure que ton age, je pensais que tu avais au moins vingt ans. Moi, j'en ai 28.
Il devait autant mentir que moi, je n'osais pas lui dire qu'il semblait un peu plus vieux. J'étais persuadé qu'il avait passé la trentaine et depuis quelques années. Au fonds, je m'en fichais, tant qu'il n'était pas trop vieux, j'aimais l'idée qu'il ne soit pas un homme de ma tranche d'age, et ne ressemble à aucun des gars du lycée ni aux vieux poivrots qui régulierement m'abordaient à la gare. Je savais qu'il me mentait. Je détestais le mensonge, mais je préferais faire comme si tout ce qu'il me disait était vrai. J'avais trop envie qu'il se passe quelque chose de différent dans ma vie. Je n'avais pas la moindre idée de la manière dont il fallait que je m'y prenne, je sentais que d'un rien nous pouvions de nouveau etre des étrangers.
-- vous avez de jolies mains, vous etes pianiste ? Lui dis je en regardant sa main gauche. Il portait une massive alliance qu'il ne cherchait pas à dissimuler.
-- non, j'ai fait un peu de piano, comme tout le monde dans ma jeunesse, mais le solfège ce n'était pas mon truc. Le conservatoire a fait ce qu'il fallait pour me dégoutter à vie de cet instrument. Je joue un peu de guitarre, je m'accompagne quand je chante des vieux morceaux de dylan ou de léonard cohen. Tu connais ? Et toi, tu fais un peu de musique ?
-- je fais de la trompette lui répondis je, mais je n'ai le droit d'en jouer que quand je suis seule chez moi. Ca casse les oreilles à tout le monde et je ne peux pas jouer trop de temps, sinon les voisins se plaignent.
-- Une fille qui joue de la trompette ce n'est pas tres courant. J'aimerais bien voir ca. Tu es tres féminin, tu dois etre ravissante quand tu embouches ton instrument.
-- il faudra expliquer ca à mes parents et à mon frère, ils n'ont pas la meme vision des choses.
-- promets moi popy que tu joueras pour moi.
-- si vous voulez.... Si tu veux, mais dans le train, je ne crois pas que ca va le faire.
-- mais on va se revoir me répondit il en souriant. Tu peux t'echapper à midi ?
-- oui, pourquoi ?
-- si tu as une heure de libre, tu m'appelles et on déjeune ensemble.
-- aujourd'hui?
-- Pourquoi pas, si ca te dit.
-- Ca tombe bien, je ne reprends mes cours qu'a seize heures, je peux avoir tout mon temps.
-- attention, mademoiselle, je ne te demande pas de secher les cours. Mais, tiens voici mon numéro me dit il en me tendant un petit bristol.- C'était la première fois de ma vie qu'un homme me donnait sa carte de visite. - tu m'appelles sur ce numéro et tu seras toujours sure de m'avoir directement sans passer par le secrétariat.
Je prenais sa carte et la rangeait soigneusement dans mon carnet de correspondance.
Le train avait commencé à freiner. Les voyageurs s'entassaient dans le couloir. Dans quelques minutes il me faudrait courir sur le quai pour attraper le bon horaire du bus.
-- je compte sur toi, tu m'appelles.
-- ok, mais je n'ai pas d'argent.
-- si je t'invite, ce n'est pas pour que tu paies ta part.
Je me sentais femme, je n'étais plus une simple adolescente insignifiante, j'avais la carte d'un homme qui voulait m'inviter dans un restaurant pour déjeuner. C'était le genre de choses dont je n'avais pas envie de parler. Cela devait rester mon secret, la part de ma vie qui ne regarderait personne. Je savais que sylvie n'aurait pas approuvé.
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J'avais gardé pour moi seule les détails de mon emploi du temps. Un professeur absent libérait mon après-midi. Je ne savais pas quoi espérer de ce rendez vous, mais je sentais un souffle léger dans ma vie et cela m'excitait.
La matinée passait lentement, interminable. Je n'entendais rien. Les cours me semblaient plus ennuyeux qu'à accoutumée. Je repensais aux belles mains de Christian ainsi qu'à son sourire assuré lorsqu'il m'avait proposé de déjeuner avec lui. Je sentais mon ventre devenir chaud; compulsivement je serrai les cuisses l'une contre l'autre sans en etre consciente. Je ne pouvais m'en empêcher et ce geste soulageait mon impatience.
L'antique cloche du lycée sonna la fin des cours. J'étais enfin libérée. Cette matinée avait duré un mois. Il fallait que je l'appelle. Vite, trouver une carte de téléphone. Je fouillais les tréfonds de mon sac. J'ai toujours plein de trucs inutiles la dedans et jamais ce dont j'ai besoin. Énervée, je me réfugiais dans une salle de permanence désertée afin de renverser mes affaires sur une table et les trier. Mais qu'avais je donc fait de la carte de sylvie. Nous l'avions choisie ensemble. Je la trouvais jolie avec la reproduction de la liberté de Delacroix, un billet de cent francs. Je n'avais jamais personne à qui téléphoner et je voyais sylvie quand je le souhaitais. Nous nous l'échangions régulièrement au cas ou nous en aurions eu besoin. Mais ça n'arrivait jamais. Et maintenant qu'elle aurait pu m'être utile, je ne savais plus où je l'avais fourrée ... et les minutes passaient.
Alors que je secouais un livre, la carte s'échappa et tomba sur le sol. Elle avait du se coincer quelque part entre la reliure et la couverture. Je poussais un cri de joie. Mes affaires étalées sur la table et sur le sol, je devais maintenant remettre la main sur le numéro de téléphone de Christian. Toute la matinée, J'avais joué avec sa carte .. Je l'avais roulée, griffonnée, embrassée et voila qu'elle aussi avait disparu. Le sort s'acharnait contre moi. J'avais rangé méticuleusement une par une mes affaires dans mon sac. J'alignais les livres et les cahiers par matière, ordre de taille et d'épaisseur. On aurait dit le cartable d'une bonne élève, le mien était un vrai foutoir sans compter que j'oubliais toujours d'y mettre mes affaires du jour. Je m'apprêtais à tout redéballer, quand une gène dans mon soutien gorge me retint. Elle était la. Je ne me souvenais pas l'y avoir mise. Je n'avais plus trop de mémoire de ce que j'avais fait jusqu'à présent.
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Il faisait beau sur la place Grenette. Les filles étaient déjà court vêtues. Il devait m'attendre depuis un moment. Je regrettais de ne pas avoir pu me changer, ressembler à une fille, pas a ce que j'étais. Je jetais un coup d'oeil dans une vitrine pour voir à quoi je ressemblais. L'image me déprimait. Deux filles sortaient au même moment de la boutique. Je les reconnaissais, elles avaient été au lycée l'an dernier. Deux blondes habillées d'un ensemble de cuir. L'une d'elle portait une jupe si courte que l'on devinait presque le haut de ses bas auto fixants. Elles étaient montées sur des aiguilles qui leur donnait l'air à peine salopes tellement elles sures d'elles. J'aurais voulu me cacher dans un trou de souris tant je me sentais ridicule à coté. Pourvu, me dis je qu'elles n'aillent pas au même endroit que moi, sinon, je suis morte, il ne me verra pas.
Il était assis à une table dans le fond. Il lisait le monde. C'est vrai que ce matin dans le train, je l'avais empêché de le faire. Il était mignon dans ses lunettes ovales. Il ne m'avait pas encore aperçu. Au moment ou je m'approchais il releva la tête, m'adressant un sourire qui me percuta droit dans le plexus. À ce moment, je le savais, il serait mon amant, le premier, celui que j'avais choisi.
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-- oh Popy, c'est sympa d'être venue. Assieds toi, tu veux prendre un apéritif ?
-- merci, je ne bois pas d'alcool.
-- jamais ?
-- un peu de vin, des fois... rarement ... je n'aime pas trop ca.
-- une femme sans vices, c'est comme un bout de fromage sans pain. C'est bon, mais il manque quelque chose.
-- merci pour la comparaison avec le claquos.
-- un bout de fromage, pas forcément de camembert.
-- je ne sais pas si ce sont des vices, mais je suis gourmande; Une vraie pécheresse.
Le serveur s'empressa de prendre notre commande. J'hésitais, tous les plats me semblaient hors de prix, rien à voir avec les quarts de pizza de la sandwicherie à coté du lycée.
Coupant court à mon embaras, christian me proposa de prendre la meme chose que lui, ce serait plus simple pour le choix du vin. Je lui faisais confiance, je n'avais jamais encore gouté de steack tartare, chez moi la viande se mangeait cuite comme une semelle, c'est pour cela que je n'en raffolais pas .
-- tu vas adorer, je te sens très canibale comme femme. Tu connais les origines de ce plat ?
J'ouvrais de grands yeux prete à l'écouter. J'avais peur de ne pas savoir quoi dire, mais j'étais tombée sur un grand bavard.
-- c'est un plat millénaire, inventé par les cosaques qui vivaient en Ukraine, ca ne s'appelait pas comme ca à l'époque.  il s'agissait de découper des morceaux de filet de cheval d'un à deux doigts d'épaisseur, puis, après les avoir abondamment salés d'un côté pour faire sortir le sang, de les placer sous la selle sur le dos de sa monture. La viande devait rester en place deux heures, puis était retirée et nettoyée . Elle était ensuite retournée sur l'autre face et préparée de la même manière avant d' être hachée. Il parait que ce plat est plein de vertus aphrodisiaques. Mais je ne sais pas si cela vaut pour le boeuf, normalement, c'est une préparation à base de viande de cheval.
-- de cheval ? Quelle horreur, je ne savais pas qu'on avait le droit d'en manger ....
-- c'est un plat empli d'histoire et de poésie... j'ai lu un texte à ce sujet. Ces mots crus à la saveur relevée qui piquent la bouche, ce sont les mots tartares, ceux que nous respirons dans la peau de l'autre sans parfois même les prononcer.
-- c'est très beau, tu es un vrai poète. C'est très évocateur en tous cas.
-- ca me fait plaisir que tu apprécies, mais ce n'est pas de moi et je ne saurai pas te dire de qui.. Si tu aimes les plats relevés, n'hésite pas à mettre du Tabasco et à poivrer.
-- j'aime tout ce qui est relevé, les plats comme les mots. Je suis Malgache d'origine chez nous on met du piment partout, ca se transmet dans les gènes.
J'avais prononcé cette phrase sans réfléchir, le regardant droit dans les yeux. Il me fit l'impression de rosir un des joues. J'en profitais pour saisir une de ses mains.
-- elles sont vraiment magnifiques, longues fortes et douces à la fois. Ce sont des mains d'artiste ou d'amant, ou les deux à la fois. Regarde, les miennes sont toutes petites, elles disparaissent dans les tiennes.
Je portais le bout de ses doigts à mes lèvres. Il se laissait faire, surpris par mon initiative. Elles étaient chaudes, je caressais ses veines sans le regarder.
-- j'espère que tu n'es pas connu ici, sinon, ça va jaser.
-- tu es redoutable Popy, tu es une drôle de fille qui n'a vraiment pas froid aux yeux.
-- tu m'as invitée pour seulement me parler de l'histoire du steak tartare ? Sois honnête.
-- tu es toujours aussi directe ? Tu sais que les hommes sont faciles à intimider.
-- tu te mets dans le même lot que tout le monde ? Pourquoi ne réponds tu pas à ma question ?
-- et bien, je t'ai trouvée très séduisante l'autre matin dans le train. Ca faisait quelques temps qu'une femme ne m'avait pas fait cet effet.
-- mais aujourd'hui, j'étais différente. J'ai du te décevoir.
-- non, pourquoi dis tu cela ?
-- je me suis fait la reflexion tout à l'heure. J'aurais préféré etre plus féminine. Tu me vois à l'état brut. Je ne me suis meme pas maquillée.
-- tu es mate de peau, tu n'as pas besoin de fards ou de rouges à lèvres. Etre féminine ne signifie pas pour moi etre obligée de se grimer.
-- ca aide un peu quand meme. Alors, ce sont mes jambes que tu as invité à déjeuner ?
-- c'est vrai qu'elles sont très jolies, longues et fines. Je suis sur que tu as une peau très douce. Mais tu n'es pas qu'une simple paire de cuisses sur escarpins.
-- j'ai envie.
-- pardon ?
-- j'ai envie maintenant.
Il ne savait plus quoi dire. Je l'avais pris au dépourvu, je le sentais déstabilisé. Il n'avait certainement pas prévu que notre rendez vous prenne une telle tournure. Moi, je ne me reconnaissais pas. Je prenais autant de plaisir à le séduire qu'à le choquer. Il perdait son assurance, je sentais que je le surprenais. J'aimais ça.
Il avait choisi un hôtel du centre, le plus proche du restaurant où nous avions déjeuné. Une chambre anonyme dans un deux étoiles standardisé. Cela me convenait parfaitement.
La réceptionniste de l'accueil m'avait regardée de travers. Il agissait comme s'il lui était naturel de prendre une chambre à quatorze heures en semaine avec une fille paraissant dix ans de moins que lui.
Si j'avais fait une passe, cela ne se serait pas passé autrement. Il louait la chambre et son lot pour un prix imbattable. Mais je n'étais pas à vendre. J'avais juste envie de lui maintenant. Attendre, signifiait pour moi devoir suporter l'hypocrite litanie des rendez-vous convenus, de tous les mensonges qui s'accumulent pour finalement en arriver là. Je l'avais choisi et il s'était laissé faire. J'avais perturbé son agenda et ses certitudes. Je me sentais maîtresse de la situation et de son désir. Je ne lui dirai pas que c'était la toute première fois pour moi, que je n'avais encore de ma vie jamais vu un homme nu et que personne non plus ne m'avait jamais déshabillée.
Il poussa la porte, me laissant le précéder. Je furetais dans la chambre, inspectant les lieux. Ce n'était pas grand, la salle de bain se réduisait à une cabine de douche et un lavabo légèrement ébréché.
Sans un mot, il avait tiré les double rideaux opaques, nous plongeant dans une pénombre que je ne désirais pas.
Je posais mon anorak sur le dossier de la seule chaise faisait sauter mes chaussures et m'allongeait sur le lit, m'étirant à la manière d'une jeune chatte au soleil. J'avais envie de le sentir près de moi, d'enfouir mon visage contre son odeur et juste fermer les yeux. Je me sentais fatiguée, prise par une immense envie de m'endormir contre lui.
L'hôtel était silencieux, je fermais les yeux à l'écoute des gestes de celui qui était destiné à être mon amant, je n'étais pas pressée.
Sa présence lourde à mes côtés me semblait familière. Un effleurement sur mes lèvres, il me caressait le visage du bout des doigts apprenant à me reconnaître. J'entrouvrais ma bouche pour déposer ma langue sur la légèreté de sa peau. Il ne s'attardait pas, j'attendais un baiser qui ne venait pas. Sur mes paupières closes, ses lèvres se posèrent, aussi douces qu'un battement d'aile de papillon. Descendant l'arête de mon nez, de son souffle il dessinait autour de ma bouche de lentes arabesques frissonnantes.
Je me tendais vers son visage. Je voulais aussi le gouter. Je pris alors l'initiative de basculer sur lui et de fondre sur ses lèvres que je mordillais tout d'abord et forçais du bout de ma langue pour lui faire ouvrir ses dents et capturer sa langue.
J'avais encore rarement embrassé de garçons de cette façon. Les baisers profonds m'avaient la plupart du temps écoeurée. Je détestais le goût de la salive.
Cette fois, c'était différent. C'est moi qui investissais sa bouche, le pénétrant, le suçant, l'aspirant comme une affamée tandis que de ses mains, il fouillait ma tignasse et griffait ma nuque que je lui offrais volontiers. Ce baiser était mon premier baiser de femme. Je savais qu'il perdrait la saveur de la nouveauté. Je voulais m'en imprégner, retenir en moi chaque note qu'il faisait vibrer dans mon corps.
Nous ne nous détachions pas. Toujours vêtus de tous nos habits nous ondulions sur le lit de cette chambre d'hôtel comme si nous voulions nous fondre l'un dans l'autre.
Je ne sais pas combien de temps dura ce baiser. Très longtemps, peut être plus que tous ceux qui l'avaient à ce jour précédé. Il est en moi pour la vie, comme le premier de tous, celui de la naissance de mon désir.
Dans un instant sauvage, j'avais pris sa lèvre entre mes dents, je l'avais fait rouler avec force quelques instants. J'étais sa maitresse cannibale. Je voulais le dévorer de la force de mon envie de lui à ce moment. Ma tête tournait, je me sentais ivre et insatiable. C'est moi qui la première rompit le silence de nos grognements.
-- Christian...
-- hmmm...oui ?
-- Déshabille-toi s'il te plait, mais ouvre les rideaux, je veux te voir.
-- Comme tu voudras Popy, comme tu voudras.
Il m'embrassa dans le cou, frottant son nez contre ma peau. De sa main, il couvrit un de mes seins encore confortablement vêtus. Je repoussais sa main avec douceur, mais fermeté.
-- Ouvre les rideaux s'il te plait et déshabille-toi entièrement. Je veux te voir tout nu face à moi.
-- tu veux que je te fasse un strip-tease ?
-- non, mais fais ce que je te demande, j'en ai envie.
-- OK Popy, s'il n'y a que cela pour te faire plaisir.
-- Dépêche toi. Lui répondis je avec une assurance que je ne me connaissais pas.
En un pas, la chambre était petite, il ouvrit les rideaux, laissant entrer une lumiere qui baigna la chambre d'une douce chaleur automnale. Appuyée sur mes coudes, je le regardais faire le pitre à la fenetre. Il se retourna souriant. À cet instant, il ne semblait pas paraitre bien plus agé que moi, j'avais l'impression d'etre près d'un grand adolescent.
D'un geste, de l'index, je lui signifiais qu'il était temps qu'il se dévetisse. Il esquissa un mouvement vers la salle de bain. Je le retins.
-- Non, ici, devant moi.
-- Et toi ?
-- Tu verras bien. Allez, vite....s'il te plait...
Il se défit rapidement de sa chemise dévoilant son torse presque juvenile parsemé de poils clairs, presque roux. Il était mince, raisonnablement musclé, très ferme en apparence, sans musculature exagérément développée. Sa peau, légerement cuivrée avait conservé quelques souvenirs de l'été.
Sur de son physique, il s'interrompit quelques instants se laissant admirer. J'avais un homme pour moi seule, sans témoins, sans regard génant. Je pouvais à loisir le détailler sans craindre passer pour une allumeuse. L'étape était un peu longue à mon gout. D'un signe de tete, je le lui faisais savoir espérant qu'il comprendrait mon geste sans devoir être trop explicite. Il attendait peut etre que j'applaudisse. Je m'impatientais de le voir intégralement nu. D'un geste, il défit sa ceinture, fit tomber le pantalon à ses pieds et dans le même temps son calecon. Envoyant le tout valser à l'autre bout de la pièce il se tenait nu devant moi. Le fait d'être habillée et lui, apparemment si vulnérable renforçait mon excitation.
J'avais déjà entrevu des sexes d'hommes, mais uniquement en photo dans des livres d'art ou sur des planches anatomiques. Les filles du lycée m'en avaient parlé pour la plupart avec une ombre de dégoût dans le ton de leur voix. Elles n'osaient pas y toucher et éprouvaient à la fois de la crainte et du mépris pour cet organe qu'elles trouvaient au mieux ridicule.
Ce n'était pas une image, mais un homme que j'avais devant moi. J'étais un peu déçue. Je m'attendais à voir son membre tendu. Au lieu de cela, il reposait doucement au creux de son corps. Je ne connaissais rien du désir des hommes. La mère me racontait sans arrêt qu'ils étaient comme des animaux en rut perpétuel, toujours prêts à sauter sur la première femme venue. Christian, ressemblait plus à un modèle de statue grecque qu'au satyre que l'on m'avait décrit. J'aimais surtout ses jambes finement musclées, le grain de sa peau à l'odeur de cuir ambré que j'avais envie de toucher.
Il se tenait droit devant moi, la lumière caressait ses cheveux. Il attendait un geste, un signe ou un mot de ma part. Ses lunettes lui donnaient un air naïvement vulnérable. Je le trouvais irrésistible.
A genoux sur le lit, je lui tendis les bras pour qu'il me rejoigne.
Son corps était brûlant, mes mains glacées. Je craignais que leur contact ne lui soit désagréable tandis que les siennes courraient déjà sur mon cou, douces et tièdes comme du velours.
Tous deux, agenouillés sur le lit, nous dévorions de baisers. Sa bouche m'investissait, sa langue me fouillait. Elle était dure souple et silencieuse, je l'aspirais, la tétais tout en m'agrippant à ses épaules, les griffes enfoncées dans sa chair.
Ses bras dans mon dos, me plaquaient contre lui d'une force qui presque m'étouffait. J'aimais cette puissance virile que jamais je ne sentais comme violence.
Nous étions à présent allongés l'un contre l'autre. Il faisait chaud dans cette chambre. Je me sentais brûler, mes cheveux étaient humides de transpiration et de salive mêlées.
Je caressais ses flancs, la courbe de ses reins, a la limite des fesses. Sa peau était souple et ferme comme celle d'un félin chasseur. Il réagissait à ma main avec volupté, le bas de son corps imprimant un mouvement de houle contre mon ventre et mon bassin.
Cette fois, j'en étais sure, je ne lui étais pas indifférente. Son sexe était à présent dressé vers moi. Je le sentais dur, chaud au travers de mes vêtements, et comme animé d'une vie qui lui était propre. Comment lui était il possible d'avoir pris une telle ampleur, alors que quelques instants plus tôt il ne m'avait pas semblé plus important que ça. Je n'avais aucun point de comparaison. C'était la toute première fois que je sentais ainsi le désir d'un homme qui voulait me prendre comme une femme.
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Mon tee-shirt s'était relevé sur mon ventre. Je n'avais rien senti, mais à la manière d'un voleur à la tire, il avait réussi à dégrafer l'attache de mon soutien-gorge. Ses mains caressaient mes cotes menues, presque saillantes et progressaient vers mes seins que plus grand-chose ne retenait.
D'un geste, je déboutonnais mon jean et tentais de le repousser sur mes cuisses. Je sentais le poids de Christian me contraindre, m'empêchant de bouger comme je l'aurais souhaité.
Cet homme était un prestidigitateur. Presque instantanément, je me retrouvais les jambes nues, les chaussettes aux pieds et toujours protégée de ma petite culotte rose, celle avec une jolie fleur brodée sur le devant.
Je voulais moi aussi être nue. Mes habits me gênaient et à présent m'encombraient.
Je me redressais et faisait passer mon haut par dessus tête sans bien comprendre comment mon soutien-gorge avait ainsi pu disparaître.
Je m'apprêtais à ôter mon dernier dessous quand la main de Christian me retint. Je ne comprenais pas son intention. Ce n'était plus trop le moment de préserver ma pudeur.
Il voulait juste ralentir le cours des événements. Se reculant de quelques centimètres, c'était lui qui à présent voulait me voir dans ma semi-nudité.
Allongé sur le dos, il me contemplait triomphant, agenouillé à la manière des carmélites entre mes jambes. Son sexe pointait presque à la verticale en direction de son nombril.
Il était si tendu que je distinguais le bout carmin, sa peau retroussée sur sa tige qui semblait battre et vibrer comme une cloche bouddhiste.
Je ne comprenais par pourquoi les filles trouvaient cela ci moche. Au contraire, je le voyais magnifique. Il ressemblait à un champignon vénéneux ; ce sont toujours les plus beaux.
Une longue veine puissante partait de la base, en dessous, et semblait battre comme un coeur. J'avais une irrésistible envie de le prendre à pleines mains, de le détailler de mes doigts, de sentir la chaleur et le flux de vie que je devinais être une réponse mystique aux questions sur le sens de la vie.
C'était donc ça un homme ; c'était donc ça une queue. C'était moi qui lui faisais cet effet. C'était grâce à moi et pour moi qu'il bandait ainsi, sans même que j'aie eu besoin de l'effleurer.
Lui me contemplait. J'adorais ce regard mêlé d'adoration et de désir à la fois. Ses yeux posés sur mon entrejambe, je me sentais inonder ma culotte. Elle devait être toute trempée.
Il posa alors ses lèvres tout en haut de mes cuisses. Je sentais le bout de son nez contre ma vulve qui ruisselait comme une fleur tropicale à la saison des pluies.
Ce contact n'était pas aussi précis que mes propres caresses, mais emportée par l'excitation que me prodiguait cette caresse inattendue, je laissais échapper un bref gémissement tout en ouvrant un peu plus mes jambes afin de m'offrir pleinement à son souffle chaud.
De mon amant, je ne voyais que le haut de son crâne. Son visage, enfoui dans mon intimité, il me respirait au travers du tissu.
Mes mains caressaient mes seins, agaçant leurs pointes. Mon bassin allait à la rencontre de sa bouche dans un geste que je ne contrôlais pas du tout ; comme s'il m'eut été impossible de faire autrement.
Il me voyait vraiment comme une femme et non plus comme une gamine. J'existais pleinement dans cette identité dans laquelle je me sentais merveilleusement bien.
Ses, mains caressaient à la fois l'intérieur de mes cuisses et mon ventre. Elles volaient légères et douces au ras de chaque partie de mon corps dessinant sur ma peau de longs sillons de volupté qui se rejoignaient et s'amplifiaient dans mon ventre et dans mes reins.
Mon corps était devenu un instrument de plaisir avec lequel il jouait et dont chaque note résonnait au creux de mon intimité, se prolongeant dans ma tête pour ressortir par ma bouche dans un trop-plein de plaisir.
Chaque instant était plus intense que le précédent. Je sentais en moi monter une pression que je ne cherchais pas à contrôler.
Je voulais me caresser, soulager cette tension qui me faisait battre les tempes. Je réalisais que ma culotte avait aussi disparu. Elle était roulée autour d'un de mes pieds. Je ne m'étais rendu compte de rien.
Mon sexe appelait son contact. Je voulais le sentir contre moi. Je voulais qu'il me prenne. Je voulais cette queue brulante au fonds de ma chatte.
Sa langue avec une infinie douceur roulait sur la base de mon clitoris. C'était un plaisir inédit, plus lent, mais aussi plus profond que celui de mes doigts qui savait toujours en quelques instants m'amener exactement où je le voulais.
J'étais à la fois gênée de la proximité de son visage contre mon intimité, j'aurais voulu prendre le temps de me sentir fraiche, je craignais qu'il ne sente quelque chose à cet endroit-là -- on m'avait tant de fois répété que c'était sale --, mais je ne voulais pas qu'il s'arrête. J'étais heureuse du plaisir qu'il manifestait en me léchant.
Il me parlait. Je ne saisissais pas le sens de ses mots. Chaque coup de langue m'arrachait un gémissement qui s'achevait dans un gémissement ou dans un cri.
Un de ses doigts me pénétrait. Toujours en douceur. Il me caressait l'intérieur, tout en tournant autour contre mes muqueuses inondées. Ce n'était pas un vague mouvement de piston ; le genre de choses dont j'avais horreur, mais une exploration sensuelle et méticuleuse de la totalité de mon intimité.
Tandis que sa langue devenait de plus en plus rapide et précise, je me sentais remplie, me resserrant à l'extrême autour de son ou de ses doigts. Je n'étais plus tout à fait consciente de ce qu'il me faisait. J'avais juste l'impression de sans cesse accélérer, de monter et de chuter, de me tendre à la limite de la rupture.
Mes doigts étaient agrippés à ses bras. Je ne voulais plus qu'il arrête. Je lui hurlais de continuer. Je le suppliais de ne pas s'interrompre, pas maintenant, surtout pas. Il redoublait d'ardeur. Je sentais mon sexe devenir liquide, se répandre dans sa bouche. Je coulais comme une fontaine qui ne se tarit jamais. Dans une position de demi-chandelle, de mes bras, j'écartais un peu plus mes cuisses afin qu'il puisse accéder en moi encore plus loin, encore plus fort.
Son pouce fiché dans mon vagin, il me pénétrait alors d'un doigt entre les fesses. Je ne m'y attendais pas. J'étais si ruisselante que la pénétration se fit sans que mon cul ne lui oppose la moindre résistance.
Je sentais son pouce et son autre doigt se répondre, juste séparés par la fine paroi. Chaque plaisir était différent et se complétait tout en s'amplifiant.
Mon corps était tendu à l'extrême comme un arc. Je ne reposais plus sur le lit que par la tête et les talons.
Puis ce fut l'explosion ; comme une digue rongée par les assauts de la mer qui se romp, le plaisir se déversait en moi de façon continue. Un cri sortait de ma gorge. Il ne venait pas de moi. Je ne contrôlais plus rien. Je voulais juste que cet instant ne s'arrête jamais. J'étais seule au sommet de mon orgasme. Mon clitoris était si tendu, que je ne supportais plus le moindre contact. Je repoussais sa tête.
Seule ma jouissance résonnait dans ma tête, comme un ensemble de percussions déchaîné.
Le salop... il m'avait bien eue... il m'avait tuée.
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Haletante, incapable de bouger, je reprenais mon souffle allongée sur le dos. J'avais été dévastée par une série de vagues de plaisir immense, jusque-là, pour moi inconnu.
Je reposais les bras en croix, les jambes disjointes. Toute pudeur, pour peu que je n'aie jamais éprouvé un tel sentiment m'avait définitivement abandonnée.
Mon amant, mon inconnu, c'était toi qui m'avais ainsi envoyée dans le ciel. J'avais bien fait de te choisir, je savais que tu ne saurais pas me décevoir. Je me sentais femme au plus intime de chacune des fibres de mon corps. Je lui en étais reconnaissante. J'avais joui à en perdre la notion du temps. J'aurais pu en rester là, mais les baisers de Christian sur le bout de mes seins réveillaient une sensualité qui n'avait pas encore eu le temps de s'assoupir.
Il était remonté de mon ventre, traçant du bout de ses lèvres de délicieux sillons qui ravivaient mon désir.
Je sentais sa queue tendue, battre contre mon ventre. Je voulais me blottir contre lui ; me sentir proche, toute proche, le plus proche de son corps qu'il était possible.
J'entourais ses reins de mes jambes, mes pieds se croisant dans son dos. Je le serrais contre moi. Je ne voulais pas le laisser s'échapper.
Nos sexes se reniflaient, entamaient une discussion secrète dans un langage qui leur était propre.
Je voulais le sentir au fonds de mon ventre ; qu'il me prenne tout de suite. Je n'avais pas l'appréhension de la douleur. Je savais qu'il ne me ferait pas le moindre mal.
Je n'eus même pas le temps de lui intimer l'ordre que je préparais en silence. D'un geste ; était-ce de moi ou de lui ; je le sentais me pénétrer au creux de mon ventre. J'étais investie, remplie, occupée par sa chair. Sa queue me brûlait tandis que d'un nouveau coup de reins, il s'enfonçait plus loin encore au fonds de moi.
Je poussais alors un son qui tenait plus du hoquet ou du râle que du cri, comme si, me pénétrant aussi pleinement, il avait chassé l'air que j'expulsais par ma bouche.
Mes reins s'agitaient pour le chercher, le retenir, le posséder. Je voulais voir son membre m'investir ; son gland en forme de fraise rebondie déplisser les pétales de mon sexe, plante carnivore qui ne lâcherait plus sa proie avant de l'avoir intégralement digérée.
Planté au fond de mon ventre, dans les tourments de ma chair, il restait immobile, comme goûtant avec gourmandise les palpitations de mon sexe qui malgré moi massait comme la bouche d'un nourrisson édenté tête le doigt qu'on lui présente. Mon ventre était une fontaine de lave. Nos sexes emboîtés, à chaque mouvement émettaient une série de sonorités marécageuses et grotesques qui renforçaient notre excitation.
Passant une main sur mon ventre, il me retourna sans ménagement.
Je me retrouvais à quatre pattes dans une position qui me faisait penser à celle d'une grenouille au moment de sauter dans l'eau.
Les fesses en l'air, j'avais une vague conscience de l'obscénité de ma pose. Posant une main sur mes reins, Christian, d'un geste tendre et ferme m'intimait son souhait de me voir offerte plus encore.
Je posais ma tête à même le matelas, regard tourné vers la fenêtre.
Je rassemblai mes genoux, et tendais les fesses vers mon amant. J'aurais voulu me voir ainsi indécente. Je regrettais que la chambre soit sans miroir. Il me pénétra d'un coup, s'enfonçant de toute sa longueur dans la moiteur.
Je m'attendais à son assaut, mais pas à ce qu'il soit aussi vif et profond. J'en eu souffle coupé, expulsant un cri de surprise mêlée au ravissement de me sentir ainsi accomplie.
– Oui, fort, comme ça, vas-y.
– Tu aimes ?
– Oui, continue, continue plus fort,
– tu es belle comme ça.
– Continue, ne t'arrête pas, encore, ne t'arrête surtout pas, c'est bon.
– Tu vas ameuter l'hôtel.
Je ne me rendais pas compte des quasi-hurlements que je poussai. J'étais bruyante dans mon plaisir et crier me libérait, me permettant de mieux ressentir encore ce moment.
Je me fichais de qui pouvait m'entendre. Je me sentais fière et heureuse, j'aurais à cet instant voulu partager mon plaisir avec la terre entière.
Christian redoublait d'intensité dans ses mouvements. Je venais moi aussi, désordonnée à sa rencontre. Le claquement de son ventre sur mes fesses m'excitait il était dur, chaud comme un tison, je le sentais m'occuper pleinement, intimement.
Sans m'en rendre compte, sans même l'avoir consciemment décidé, je me caressais tandis qu'il me pilonnait avec une douce force qui me faisait perdre la tête.
Sous mes doigts, mon petit bouton bandait lui aussi fièrement comme sa queue. Je le sentais à quelques centimètres de ma main. J'aimais cette sensation ; toucher ce sexe qui s'enfonçait au fond de moi. J'avais l'impression de le diriger. Il était ma chose, mon bâton de plaisir personnel.
Lui aussi grognait et soufflait. Quelques gouttes de sueur coulaient sur mon dos.
Il allait jouir ; il s'excusait presque. Je donnais quelques coups de reins pour qu'il accélère encore.
Quand il explosa, je me sentais maîtresse de lui.
Je n'y étais pas encore. Il s'était immobilisé en moi et je le sentais pulser comme s'il avait reçu une décharge électrique. Je continuais à me branler frénétiquement, c'est quelque chose que je maîtrisais bien. Puis ce fut mon tour.
La digue s'était rompue, je me crispai de toutes les cellules de mon corps. Il était toujours planté en moi. Une vague m'avait renversé de l'intérieur elle s'insinuait entre mes reins, remontait mon dos pour exploser dans ma tête en une dispersion de milliers de gouttes de sel qui ressemblaient à des étoiles
C'était bon... Je voulais le sentir contre moi.
Je me recroquevillai en chien de fusil, lui collé à moi, une main sur mes seins l'autre contre mon ventre. Il s'était déjà assoupi. Je ne voulais plus bouger et l'engourdissement déjà me gagnait
Je n'étais plus vierge... Je ne l'avais jamais été.
-- Vous avez terminé ? Me lança la réceptionniste avec un sourire à peine esquissé.
-- Pas vraiment, lui répondis je sans me démonter.
J'étais morte de honte. J'aurais voulu ne croiser personne. J'étais pourtant fière d'être enfin femme. J'avais joui comme personne. Je voulais que cette fille se rende bien compte à quel point je me fichais de ce qu'elle pensait; mais voila, je ne m'en fichais pas.
Elle reprit la clé de la chambre que lui tendait Christian. Pour elle, j'étais une pute; cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'elle avait un peu raison de le penser.
Je m'étais abandonnée, cuisses ouvertes, à quatre pattes; j'avais adoré ça. Je savais que désormais, je ne pourrai plus jamais m'en passer.
J'aurais voulu qu'il me prenne la main; qu'il me serre contre lui. J'aurais voulu de nouveau sentir la chaleur de son ventre; respirer le duvet de son torse.
-- Tu veux prendre un verre Popy ?
-- j'en peux plus. J'aurais du faire pipi à l'hôtel. Si je bois une goutte de plus, je me fais dessus.
-- Tu es bien une fille; c'est pas une vessie que tu as, juste une cacahuète.
-- pourquoi; tu as encore un doute ?
-- Ca va, fit il en allumant un cigarette. Au fait; tu as pris tes précautions ?
Quel crétin; il ne s'était pas une seconde posé la question quand il me remplissait de son sperme. Il m'en avait tellement mis dans le ventre que, malgré ma culotte, je le sentais goûter sur mes cuisses.
Je n'y avais pas pensé. J'avais trop envie qu'il me prenne, mais c'était à lui de me rappeler à la raison; de m'empêcher de m'abandonner ainsi.
J'avais adoré le sentir se répandre au fonds de moi. Je n'aurais pas aimé qu'il se lâche dans un bout de plastique. J'avais aimé sentir la douceur des palpitations de son gland au moment où je savais qu'il ne se contrôlait plus. J'avais aimé entendre son cri de soulagement m'emporter avec lui. je ne pouvais le voir; Dressé derrière moi, il m'avait prise comme un mâle qui prend sa femelle sans bien se soucier d'elle. J'avais aimé sentir ses mains pétrir mes fesses, les écarter, malmener ma pudeur. J'avais aimé me sentir béante, chaque fois qu'il ressortait sa queue de ma petite chatte pour mieux se précipiter au dedans. J'avais aimé ne pas lui avoir confié qu'il était mon premier homme.
J'avais voulu être prise comme une femme; pas juste déflorée comme une adolescente pucelle pensant vivre un comte de fée et qui ne savait pas prendre son plaisir en mains.... Mes mains; elles étaient depuis longtemps mes plus sures complices de jouissance. Je ne l'avais pas attendu pour m'envoyer dans les étoiles.
Et voila qu'il se demandait si j'avais pris mes précautions. Il aurait au moins pu tenter de ne pas complètement jouir en moi. La plupart des filles du lycée étaient terrorisées à l'idée de "tomber enceintes". Moi, ca ne m'avait pas traversé la tête. Ça ne faisait tout simplement pas partie du domaine du possible; surtout pour la première fois. Je savais bien que c'était stupide de ma part et je lui en voulais, avec ces cinq mots "tu as pris tes précautions" de me ramener aussi sèchement à ma réalité.
Il ne fallait pas que je m'attarde trop si je voulais avoir mon train; faire comme si tout était normal; retrouver cette maison qui ne serait jamais la mienne.
C'était vendredi; peut être ce soir le grand rentrerait t'il.
La semaine suivante, j'avais mes règles; comme chaque fois, elles étaient douloureuses. La mère me disait que c'était le lot de chaque femme et que c'était bien normal...
Je n'ai plus jamais croisé Christian le matin dans le train. J'avais oublié sa carte à l'hôtel. Je ne l'aurais de toutes façon jamais rappelée.




























































































































































































































































































































































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